Le défi d’en sortir
Par Kamel Moulfi – Dans une semaine, élèves et parents découvriront la réalité de la rentrée scolaire, ou, du moins, connaîtront sa «couleur» et sauront à quoi s’en tenir pour l’année qui vient.
La ministre de l’Education nationale a promis les meilleures conditions… avec des classes surchargées pour cause de démographie galopante ! Les moyens continuent de grimper laborieusement les escaliers quand les nouveaux arrivants passent à grande vitesse dans l’ascenseur. Il y a eu trop de naissances, ces dernières années, et peu de nouvelles classes. Comment les enseignants – et c’est encore plus vrai s’il s’agit d’une femme – pourront-ils faire leurs cours dans les normes pédagogiques requises alors que, du fait du trop grand nombre d’élèves, la classe peut devenir incontrôlable, pénalisant les «bons» élèves que le mauvais sort a placés à cet endroit ?
Au ministère du Commerce, on a eu la décence de ne rien dire à la veille de l’Aïd sur l’état du marché des fruits et légumes pris par la même fièvre haussière que d’habitude, en pire pour certains produits. Cette passivité «officielle» se retrouve également face à la sphère informelle qui s’est brusquement épanouie après des «escarmouches» avec les pouvoirs publics qui ont tourné à l’avantage des vendeurs positionnés en dehors de toute légalité. Ils profitent eux aussi du laisser-aller créé par le recul de l’Etat qui donne l’impression d’abandonner sa fonction de contrôle, c’est-à-dire de «régulateur» de la société. Ils ont devant eux un grand boulevard sans aucun obstacle et ne se privent pas, en ce moment, d’occuper toutes les étapes de la commercialisation des produits agricoles frais sur lesquels se ruent des consommateurs.
Le spectacle rappelle celui des années quatre-vingt du siècle passé où la «débrouillardise» a été érigée en comportement vertueux alors qu’elle a eu tendance, on l’a bien vu ensuite, à produire le désordre dont les conséquences accablent à ce jour encore les Algériens. La tentative de Tebboune de recadrer un peu les choses, avortée dans l’œuf, signifie, aux yeux des plus pessimistes, que la remise en ordre relève de la mission impossible. Le défi posé à Ouyahia est de, très vite, prouver le contraire. Bien sûr, en tenant compte des «maladresses» de Tebboune.
K. M.
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