Leçon d’un attentat : l’aveu d’échec de la nébuleuse terroriste Daech en Algérie
Par R. Mahmoudi – L’attentat-suicide qui a ciblé, jeudi, le siège de la Sûreté de la wilaya de Tiaret, s’il signe une recrudescence inquiétante de la violence terroriste en Algérie, après une longue période d’accalmie, n’en marque pas moins l’incapacité des organisations terroristes, Daech en tête, à y commettre ou revendiquer des actions de grande envergure. Car, on le sait, l’objectif recherché à travers ce type d’attaque, potentiellement dévastateur, est bien de réaliser un coup d’éclat médiatique.
En s’empressant de revendiquer cet attentat, l’organisation autoproclamée «Etat islamique» (Daech) cherche, comme de coutume, à mettre sous sa coupe tous les groupuscules terroristes encore en activité sur le territoire national et à afficher symboliquement sa présence dans notre pays, alors qu’on ne sait encore rien sur l’affiliation du terroriste qui a voulu faire exploser les locaux de la Sûreté de Tiaret, ni même sur son identité. Il faut dire que Daech est dans son rôle de revendiquer la moindre attaque ciblant des agents de l’ordre ou un édifice public, comme c’est le cas notamment en Occident. Dans cette guerre psychologique, la nébuleuse terroriste vise un double objectif : instaurer partout un climat de peur et enrôler les jeunes radicalisés qui seraient aptes à commettre des attentats. Car, selon une récente étude, la majeure partie des auteurs d’attentats en Europe n’auraient jamais appartenu à une quelconque organisation radicale, ni combattu ailleurs.
Il n’y a visiblement, donc, aucune comparaison à faire entre la vague d’attentats qui secoue les capitales européennes depuis quelques années et les tentatives d’incursion menées sporadiquement par des terroristes isolés ou qui cherchent désespérément à briser l’isolement qui frappe ces groupuscules dans certaines zones montagneuses du centre du pays où ils se sont cantonnés. On rappelle qu’au moins trois attentats-suicide avaient ciblé, depuis 2008, des bâtiments appartenant à la Sûreté nationale dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le dernier en date remonte à mars 2016 où un attentat devant le commissariat de Maâtkas a été déjoué, et le terroriste arrêté par la population. Ce qui prouve que les terroristes ont commencé à adopter ce nouveau mode opératoire bien avant l’apparition de Daech en Algérie, et que ces attentats sont de moins en moins meurtriers.
Il est aussi clair que l’attentat de jeudi est beaucoup plus le résultat d’un «relâchement de vigilance» face à la menace terroriste que le reflet d’une résurrection de la bête immonde.
R. M.
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