Ahmadisme : quand l’ONG américaine HRW s’attaque à Ouyahia
Par Hani Abdi – Dans un long communiqué rendu public aujourd’hui, l’ONG américaine Humans Rights Watch (HRW) dénonce un «discours de haine» de hauts dirigeants algériens à l’égard des ahmadis qu’elle considère comme persécutés en Algérie.
«Des ministres du gouvernement ont fait à plusieurs reprises des commentaires hostiles aux ahmadis. En octobre 2016, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a décrit la présence de fidèles ahmadis en Algérie comme participant d’une “invasion sectaire délibérée” et déclaré que le gouvernement avait lancé des procédures pénales contre les ahmadis pour “faire cesser la déviation par rapport aux préceptes religieux”.»
En février, il a affirmé que «les ahmadis portaient atteinte aux fondements même de l’islam», a relevé cette ONG, proche du département d’Etat américain. Dans une interview datant d’avril 2017, Aïssa semblait adopter une position plus modérée, déclarant que l’Etat algérien n’avait pas l’intention de combattre la secte ahmadie. Pourtant, le 5 juillet, il réitérait sa conviction selon laquelle les ahmadis étaient manipulés par «une main étrangère» visant à déstabiliser le pays et accusait leurs chefs de file de «collusion avec Israël», a ajouté HRW.
Si elle considère que Mohamed Aïssa a tempéré son discours plus tard, cette ONG a vertement chargé Ahmed Ouyahia, foncièrement hostile aux sectes. «En avril, Ahmed Ouyahia, alors chef de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, déclarait : “Il n’y a pas de droits humains ou de liberté de religion” qui tienne dans le cas des ahmadis, car “l’Algérie est un pays musulman depuis quatorze siècles”. Il appelait les Algériens à “préserver le pays des sectes du chiisme et d’El-Ahmadiya», a souligné HRW qui semble ainsi s’inquiéter de la nouvelle fonction d’Ahmed Ouyahia, devenu depuis août dernier le chef de l’Exécutif.
Cette ONG rappelle qu’«en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politique que l’Algérie a ratifié, les gouvernements doivent garantir le respect de la liberté de religion, de pensée et de conscience de toute personne placée sous leur juridiction et en particulier celle des minorités religieuses». «Ce droit implique, poursuit cette ONG, la liberté de pratiquer la religion ou la croyance de son choix, en public ou en privé, seul ou avec autrui.» Quant à la Constitution algérienne, elle garantit la liberté religieuse mais précise que «cette liberté doit être exercée dans le respect de la loi». Pour elle, les ahmadis doivent exister en Algérie et l’Etat doit les laisser activer en toute liberté et sans pression.
H. A.
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