Importations, subventions, paix sociale : Ouyahia sur des charbons ardents
Par Hani Abid – Le nouveau Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui présentera la semaine prochaine le plan d’action du gouvernement, doit faire face à une rentrée sociale des plus difficiles. Attendu sur tous les fronts, le Premier ministre est sur du charbon ardent. Le rétrécissement des finances publiques dû à la chute des prix du pétrole complique davantage la tâche du Premier ministre qui doit à la fois réduire le déficit abyssal qui a dépassé 20 milliards de dollars dans l’exercice précédent, redynamiser l’économie et maintenir les transferts sociaux à un niveau appréciable.
Si on ne connaît pas encore les détails de sa feuille de route, le plan d’action n’étant pas encore approuvé en Conseil des ministres, on peut d’ores et déjà affirmer, sans prendre le risque de se tromper, que le Premier ministre va faire un nouveau tour de vis dans les finances publiques au nom de la rationalisation des dépenses. Ahmed Ouyahia est rôdé à cet exercice, lui qui a dirigé le pays dans une période pire que celle que nous vivons aujourd’hui.
Le Premier ministre aura à réduire la facture des importations qui demeure très élevée et au-dessus des capacités financières du pays. A l’époque d’Abdelmalek Sellal déjà, on a fixé l’objectif de réduire de 10 à 15 milliards de dollars la facture des importations qui s’est établie à 23 milliards de dollars au premier semestre de l’année en cours. Un objectif maintenu dans le plan d’action du prédécesseur d’Ahmed Ouyahia. Autre épineux dossier que le Premier ministre doit prendre en charge avec «calme et sérénité», comme il aime à le répéter, c’est celui des subventions.
Rassurant lors de sa récente rencontre avec les partenaires sociaux et le patronat sur le maintien de la politique sociale en faveur des couches défavorisées, Ahmed Ouyahia devra néanmoins mettre en place une nouvelle politique de ciblage des subventions afin de ne toucher que les nécessiteux. Cette nouvelle politique va à la fois toucher l’énergie (électricité gaz et carburant), l’eau, le lait et le pain. Ahmed Ouyahia aura également à définir une nouvelle politique sanitaire afin de revoir le fonctionnement de la médecine gratuite. Autre défi que doit relever le gouvernement Ouyahia : c’est la dynamisation de l’outil de production nationale en créant les conditions nécessaires pour une meilleure intégration de l’industrie nationale.
Fervent défenseur de l’embryon de l’industrie automobile sous forme de SKD, Ahmed Ouyahia va libéraliser davantage l’économie nationale afin d’attirer les meilleurs investissements du privé national mais aussi de firmes internationales. C’est de cette façon que le gouvernement compte diversifier les exportations, qui restent actuellement totalement dominées par les hydrocarbures.
Le plan d’action du gouvernement sera donc largement consacré à la nouvelle politique économique déjà esquissé dans ce qui est appelé le nouveau modèle économique, un document préparé par l’équipe gouvernementale d’Abdelmalek Sellal. Les grandes orientations sont donc connues avec, notamment, la détermination des secteurs clés comme l’industrie, l’agriculture, les énergies renouvelables et le tourisme.
Sur un autre registre, celui du front social, le Premier ministre aura fort à faire pour parvenir à instaurer une paix sociale durable. Les attentes des citoyens sont tellement pressantes, notamment en ce qui concerne le logement, qu’il est difficile, à l’état actuel des finances publiques, de les satisfaire. Ahmed Ouyahia, qui n’est pas nouveau dans ce poste, va évoluer sur un terrain miné.
H. A.
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