Paresse justifiée
Par R. Mahmoudi – La fermeture des boulangeries, des boucheries et autres commerces, au quatrième jour après l’Aïd, montre, pour une énième fois, l’inanité de toutes les mesures prises ou envisagées par le gouvernement pour faire respecter ses propres directives. Ce relâchement des autorités risque de se déteindre très négativement sur le sens même d’autorité chez nous. Demain, les consommateurs ne sauront plus faire valoir leurs droits, ni d’ailleurs les commerçants eux-mêmes. On a vu, en janvier dernier, comment une grève des commerçants qui se disaient lésés a vite dégénéré en émeute qui a heureusement été maîtrisée.
Symptomatique d’une dérive politique, le laxisme des autorités révèle au grand jour une autre maladie : la justification de la paresse chez une population qui a, en grande partie, perdu cette valeur fondamentale qu’est l’amour du travail. L’Algérien, autrefois travailleur et même volontariste, en est aujourd’hui, hélas !, à guetter la moindre opportunité qui lui est offerte (les fêtes nationales ou religieuses, les jours fériés, les vacances, les mauvaises conditions climatiques…) pour justifier son absence – d’abord à lui-même –, sur le lieu de travail. Il préfère avoir un manque à gagner que d’avoir à trimer alors qu’on (l’Etat, la religion…) lui offre cette possibilité, sans prix, de ne rien faire de sa journée.
La chose devient alors plus facile à gérer, psychologiquement, quand toute la communauté se drape derrière l’alibi religieux, alors qu’on sait que l’islam, dans les textes, condamne clairement ce genre de comportement, assimilé à une faiblesse d’esprit et de croyance. Où se trouve donc la faille : dans la structure mentale des Algériens ? Dans leur subconscient collectif ? La question interpelle chacun d’entre nous.
R. M.
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