Le processus de paix au Mali : l’ONU adopte un plan antiblocages
Par Sadek Sahraoui – Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, ce mardi, une résolution créant un régime général de sanctions pour le Mali où les entraves au processus de paix et de réconciliation se multiplient. Le texte prévoit la possibilité d’interdictions de voyages et de gels d’avoirs. L’adoption de la résolution va être suivie de la création à l’ONU d’un comité de sanctions pour identifier les individus ou entités contrevenant à ses dispositions et d’un panel d’experts devant s’assurer du respect des sanctions. La désignation d’individus ou d’entités sera liée à des violations du cessez-le-feu, à des obstructions à la mise en œuvre de l’accord de paix, à des attaques contre les forces armées maliennes ou les Casques bleus, à des violations des droits de l’Homme ou des obstacles à l’acheminement d’aides humanitaires.
La France, rédactrice du texte, a indiqué qu’à ce stade il n’est question que de créer un régime général de sanctions et que l’identification de contrevenants n’interviendra qu’ultérieurement. La résolution se borne à cet égard à rappeler les nombreuses violations du cessez-le-feu ayant accompagné la mise en place de l’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et des groupes armés réunis au sein d’une plateforme. Elle dénonce aussi les violences qui ont touché le pays ces derniers mois et l’importance que conservent des mouvements terroristes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Al-Mourabitoun, Ansar Eddine ou le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), déjà visés par des sanctions.
Le Conseil de sécurité «est gravement préoccupé par la situation sécuritaire volatile, notamment par le développement d’activités criminelles et terroristes dans le centre et le sud du Mali comme par l’intensification des trafics de drogue et d’êtres humains» dans le pays, est-il écrit dans la résolution. Pour certaines capitales européennes, le Mali est aujourd’hui «dans une période presque pré-insurrectionnelle» à moins d’un an d’une élection présidentielle. «Il y a la crise au nord, la crise au centre, et maintenant une crise de régime», relève sous couvert d’anonymat un responsable européen. «C’est un régime qui ne sait pas où il va, qui est uniquement tourné vers la réélection du président», ajoute-t-il.
Au cours des derniers mois, la violence a redoublé au Mali avec des violations répétées de cessez-le-feu et des attaques contre des Casques bleus présents dans le pays pour accompagner l’accord de 2015. En dépit d’une présence militaire française et de celle de l’ONU, le pays reste un lieu de passage pour des trafics en tous genres et le théâtre d’actions de force de groupes terroristes armés. L’armée malienne n’a pas la capacité de les neutraliser et l’Etat malien dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta peine à combattre la corruption et faire fonctionner institutions et administrations.
S. S.