La Libye ferme ses frontières avec le Tchad et le Niger
Par Sadek Sahraoui – Les autorités libyennes ont annoncé, par le biais d’un communiqué adressé aujourd’hui à la presse, leur décision de fermer leurs frontières avec le Tchad et le Niger pour une durée de trois mois. Le communiqué en question précise que l’objectif de la fermeture des frontières est de «combattre les trafics d’armes, de drogue et d’êtres humains qui prospèrent dans cette zone frontalière». Il s’agit également pour les Libyens de freiner les flux de migrants clandestins qui déferlent sur leur pays. Selon le commandant de l’opération Soukhour Alsahra, le général Barka Chirmi, les deux frontières sont désormais déclarées zones militaires.
La Libye n’est pas le seul pays à avoir pris une telle mesure. Le Soudan a également fermé mercredi dernier ses frontières terrestres avec le Soudan du Sud, le Tchad et la Libye. «Nous avons fermé nos frontières avec la Libye, le Tchad et le Soudan du Sud afin d’empêcher la contrebande d’armes et de véhicules à quatre roues motrices», avait déclaré le vice-président soudanais, Hassabo Mohamed Abdul-Rahman.
La décision libyenne arrange les affaires de N’Djamena, qui se plaint d’actions de déstabilisation de rebelles tchadiens établis dans le Sud libyen. Le Tchad a accusé récemment le Qatar de soutenir ce plan de «déstabilisation». Les Tchadiens disent avoir des «preuves irréfutables» sur l’implication de Doha dans le financement de l’opposition tchadienne et dans celui des islamistes libyens pour qui se battent ces opposants. Plusieurs raisons ont poussé N’Djamena à cette rupture. Selon la presse égyptienne, le président Abdel Fattah al-Sissi aurait transmis, lors de sa récente visite à N’Djamena, un dossier complet prouvant l’implication du Qatar dans le financement des extrémistes en Libye, mais aussi le financement des rebelles tchadiens opérant dans ce pays.
Le Qatar est accusé depuis 2012 d’avoir financé en Libye des camps d’entraînement des rebelles tchadiens. Ces rebelles avaient ensuite rejoint la bande d’Aouzou, au Tchad. En 2013, des combats qui ont eu lieu dans cette zone frontalière ont poussé ces rebelles à se réfugier dans le Sud libyen. Le camp du maréchal Khalifa Haftar, documents et témoignages à l’appui, accuse systématiquement ces Tchadiens d’être des mercenaires à la solde des milices extrémistes libyennes financés par le Qatar.
S. S.
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