Noureddine Boukrouh lance de graves accusations contre Bouteflika
Par Hani Abdi – Noureddine Boukrouh, ancien ministre et fondateur du PRA, a sévèrement chargé le président de la République et énergiquement répondu à ceux qui l’ont critiqué. Dans une interview publiée aujourd’hui par le quotidien El-Watan, M. Boukrouh a rassuré qu’il n’est animé par aucun esprit revanchard ni haine envers celui qui lui a offert un poste ministériel durant cinq ans. «Pour avoir fait partie de son gouvernement pendant plus de cinq ans et avoir eu le loisir de l’observer, l’étudier, l’analyser et même le pratiquer, je connaissais son attachement au pouvoir, mais pas au point qu’il mettrait sa personne sur un plateau de la balance et toute l’Algérie sur l’autre», dénonce-t-il, soulignant que «lorsque, en mars 2014, il fit connaître son intention de se présenter à un quatrième mandat dans l’état où il était, il n’était plus à mes yeux un homme malade physiquement, mais, plus grave encore, mentalement».
Noureddine Boukrouh poursuit en précisant que «du jour où il a proclamé sa candidature à aujourd’hui, j’ai publié une cinquantaine de contributions rien que sur lui et le quatrième mandat». L’ancien ministre répond à ceux qui s’interrogent sur ses réelles motivations en assurant qu’il n’a ni envie de le remplacer ni de servir d’escabeau pour autrui. «Ce qui me motive ? Non pas une haine recuite contre lui ou une envie de le remplacer, comme s’illusionnent certains sur eux-mêmes, mais ce qui est devenu en moi une révulsion pour ce que symbolise désormais cet homme aux yeux des Algériens conscients et du monde qui nous observe : rester au pouvoir comme un obsédé agrippé à quelque chose qu’il ne lâchera qu’une fois mort. Un peu comme Harpagon avec sa cassette dans L’Avare de Molière», affirme M. Boukrouh, pour lequel le président Bouteflika «n’a plus ses esprits».
Noureddine Boukrouh, qui a animé la scène médiatique par ses appels à la destitution de Bouteflika, considère que «ce qui lui (le président de la République) reste de vie physique et d’activité cérébrale est investi en totalité dans la soupçonnite, le ‘‘twasswis’’, la méfiance systématique, la surveillance sur sa gauche, sa droite, derrière, devant, dessous, dessus, si quelque chose ou quelqu’un est susceptible de nourrir l’intention de lui arracher le sceptre, le sceau présidentiel, le titre et la fonction». «Il n’a confiance qu’en son frère et en quelques personnages placés à la tête des institutions qui comptent à ses yeux. Peu lui importe notre sort, notre avenir, notre dignité parmi les nations, et cela est inacceptable, injuste, immoral, suicidaire…», estime le fondateur du PRA, qui affirme être constant dans ses analyses du système politique algérien.
«Mon état d’esprit n’a pas varié, il est le même depuis mon adolescence, depuis que j’ai commencé à critiquer le système politique algérien en 1971 avec des articles portant des titres comme ‘‘Le bon, la presse et le truand’’, ‘‘L’art de détruire’’, ‘‘La poule aux œufs d’or’’, ‘‘Psychologie des alpinistes’’ et d’autres», souligne-t-il. Cela avant de descendre en flammes le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, sans le citer. Noureddine Boukrouh a qualifié ce dernier et ceux qui sont avec lui de «mercenaires qui rappellent les frères Dalton». En réaction aux propos de Boukrouh sur Bouteflika, Ould-Abbès avait fait le parallèle avec 1998, année durant laquelle l’ancien président Liamine Zeroual avait été poussé à la démission.
«S’ils étaient doués de la moindre intelligence, du plus simple bon sens, s’ils connaissaient la nature du pouvoir algérien et la presse indépendante, ils comprendraient qu’ils colportent des imbécillités qui ont pris les apparences de la vérité dans leur esprit débile à force de répétition et d’autosuggestion, car on ne fait pas tomber un pouvoir avec quelques articles et des interviews», souligne M. Boukrouh, qui récuse les accusations d’agir au profit d’un clan au pouvoir.
H. A.
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