Guerre des clans : succession ou alternance ?
Par Rabah Toubal – Même si les partisans de la présidence à vie et de la succession avaient remporté une bataille décisive en 2008, à six mois de la fin du deuxième et théoriquement dernier mandat d’Abdelaziz Bouteflika, lorsque le principe de la limitation des mandats présidentiels à deux successifs, fixée par la Constitution de 1996, dite du général Zeroual, a été supprimé par la révision constitutionnelle, qui avait eu lieu en novembre 2008, dans les conditions scandaleuses que l’on sait, pour ouvrir la voie royale à Abdelaziz Bouteflika, quels que furent son état de santé physique ou mental et son bilan, leurs adversaires avaient obtenu, quelques années plus tard, un prix de consolation lorsque le président Bouteflika ou ceux qui parlent et agissent en son nom depuis l’AVC qui l’a frappé en avril 2013, avait rétabli, dans la «nouvelle» Constitution, la limitation des mandats pour les présidents de la République qui viendront après lui, dans le cadre d’une succession héréditaire ou clanique ou d’une alternance arrangée.
La guerre médiatique que se livrent actuellement ces deux camps, à travers l’échange épistolaire, de plus en plus vif, brutal et violent entre l’homme politique et intellectuel, Noureddine Boukrouh, réputé proche du général Toufik, ancien chef du Département de renseignement et de sécurité (DRS), qui est pour une alternance réelle destinée à éviter au pays un cinquième mandat incendiaire ou une succession humiliante, malgré le bilan désastreux du long règne d’Abdelaziz Bouteflika et le clan présidentiel, ouvertement soutenu par une partie de la direction actuelle de l’ANP, indique clairement que la mascarade du quatrième mandat est en train de tourner à la tragédie.
Contrairement aux partis politiques qui, à l’exception de Jil Jadid, brillent par leur absence de réaction sur cette question primordiale de la vie politique, économique et sociale de notre pays, la société civile algérienne et les médias indépendants s’alignent sur les positions courageuses de Noureddine Boukrouh, pour dénoncer haut et fort la fuite en avant suicidaire des aventuriers qui fourvoient notre pays dans une impasse dangereuse, grosse de tous les risques pour sa cohésion, sa stabilité, sa sécurité et son unité, aujourd’hui plus que jamais menacées, et revendiquer l’application immédiate de l’article 102 à Abdelaziz Bouteflika, dans l’incapacité physique, mentale et morale d’assumer ses lourdes charges.
La sagesse, la raison et les intérêts supérieurs de la nation, dont ils se prévalent souvent pour justifier les abus, forfaits et méfaits commis par ses membres, devraient commander au clan présidentiel de demander pardon aux Algériennes et Algériens, méprisés par lui, pour le mal qu’il a causé au pays, dans de nombreux domaines, depuis avril 1999 notamment, et de ne pas rejeter la période de transition inclusive proposée par leurs adversaires politiques, comme le fait le pompier pyromane Ouyahia qui va aggraver l’isolement interne et externe de ce clan et précipiter sa chute par son arrogance et ses mesures impopulaires explosives.
R. T.
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