Le sommet Afrique-Israël reporté par crainte d’une humiliation
Par Sadek Sahraoui – Le sommet Afrique-Israël, annoncé en grande pompe pour le 23 octobre à Lomé, n’aura finalement pas lieu. Aucune date n’est encore donnée, mais on parle d’un report. Selon un confrère togolais, ce report a été décidé par le chef de l’Etat togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, en personne pour «permettre d’optimiser les préparations et d’assurer la réussite de cet évènement». «Dans les semaines à venir, Israël va promouvoir des consultations en Afrique ainsi que dans les forums régionaux africains pour garantir le plein succès du sommet», a confié une source gouvernementale togolaise au média en ligne Africa rendez-vous. Il faut comprendre par là que telles que les choses étaient parties, cette rencontre sur laquelle Tel-Aviv mise beaucoup pour noyauter le continent et pénétrer le marché africain allait déboucher sur un véritable fiasco.
Le Togo, qui a accepté d’être le cheval de Troie d’Israël en Afrique en contrepartie de quelques centaines de millions d’euros, n’a jusque-là réussi à convaincre de participer à ce sommet de la honte que quelques pays pauvres. La plupart des nations influentes sur le continent ont décliné l’invitation de Faure Essozimna Gnassingbé. Pour éviter une suprême humiliation diplomatique, Tel-Aviv a demandé au Togo de temporiser, le temps de travailler au corps certains poids lourds de l’Union africaine.
A noter que de nombreux pays musulmans d’Afrique voient mal ce sommet. Certains ont même demandé à Riyad de faire pression sur le président togolais pour qu’il abandonne ce projet de sommet. La doléance fut acceptée puisque l’Arabie Saoudite a récemment exigé «des explications» du Togo. A en croire La Lettre du Continent de ce mercredi 12 juillet dernier, le chargé d’affaires du Togo à Riyad a été convoqué par le ministre saoudien des Affaires étrangères pour une «demande d’explications». En dépit des apparences, l’Etat saoudien n’apprécie pas, dit-on, le retour d’Israël en Afrique et craint qu’il n’impacte la position des pays africains qui votent souvent contre l’Etat juif au sein des institutions internationales. Les relations entre la plupart des pays musulmans d’Afrique et Israël n’ont jamais été normalisées depuis la guerre de Kippour en 1973. Jusqu’à aujourd’hui, 12 pays africains ne reconnaissent pas Israël et ne seraient pas près de le faire.
D’après toujours La Lettre du Continent, plusieurs pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) se seraient plaints du Togo auprès de l’Union africaine (UA). Ils souhaiteraient des représailles envers Lomé et voudraient voir une annulation pure et simple du sommet. L’organisation de ce prochain sommet ne fait également pas l’unanimité au sein de l’opinion togolaise ou parmi l’élite politique du pays. «C’est imprudent, car on se positionne dans un conflit qui n’est pas le nôtre, sans intérêt stratégique plus profond qu’une simple question de visibilité. Le Togo risque de devenir une cible», dénonce un ancien ministre togolais.
S. S.
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