Des complicités portugaises dans l’espionnage de l’Algérie par le Maroc
Par Ramdane Yacine – Le Maroc utilise des fonctionnaires et diplomates portugais pour obtenir des documents confidentiels et internes afin d’espionner l’Union européenne aussi bien sur le vieux continent que dans ses représentations extra-muros, dont en Algérie.
En effet, le site MarocLeaks révèle que «pour l’obtention de documents confidentiels de l’Union européenne, le Maroc semble s’appuyer sur ses bonnes relations avec les diplomates portugais». Le média écrit qu’«à Bruxelles, Rabat comptait sur le soutien de Isabel Valente Silva et Isabela Bela Ferreira, toutes deux appartenant au personnel de la représentation permanente du Portugal auprès de l’UE, pour l’obtention de documents destinés à usage interne au Parlement européen et dans d’autres institutions européennes».
«A Alger, point névralgique pour les services secrets marocains, écrit MarocLeaks, ils ont l’ambassadeur du Portugal en personne pour leur fournir les infos nécessaires sur les activités européennes en Algérie.»
A titre illustratif, le journal publie un compte rendu rédigé par la représentante de l’UE en Algérie sur le Mali, que l’ambassadeur du Portugal en Algérie a fourni gracieusement à son homologue marocain à Alger. «Dans ce cas, il s’agit d’un compte rendu rédigé par Laura Baeza sur sa rencontre avec Abdelkader Messahel à Alger. Elle était à la tête d’une délégation de l’Union européenne», écrit le média en ligne.
Ce n’est pas la première fois qu’une affaire d’espionnage impliquant le Maroc défraie la chronique. En 2015, la presse espagnole avait révélé que le Maroc avait placé des agents infiltrés dans des institutions de l’Union européenne, en mettant à profit le cadre de sa coopération avec l’UE – ou du moins avec certains pays de la zone – pour obtenir des informations sur les questions de terrorisme, de sécurité et de migration. La publication espagnole en ligne El Confidencial a précisé que les services de renseignement européens auraient découvert «une offensive marocaine» visant l’Office européen de la police (Europol) et l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex).
Plus récemment encore, le journal français Libération a révélé un trafic de documents confidentiels ayant permis de conclure que trois hauts responsables algériens étaient visés dans une affaire d’espionnage mettant en cause le Maroc. Deux ministres en exercice au moment des faits – Hamid Grine, ministre de la Communication, et Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur – et Noureddine Yazid Zerhouni (ancien vice-Premier ministre, ancien ministre de l’Intérieur) étaient la cible de cet espionnage marocain via des agents de la police française des frontières.
R. Y.
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