Moussa Touati révèle : «J’ai payé pour obtenir un siège au Parlement»
Par Ramdane Yacine – Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a jeté un pavé dans la mare, hier, en révélant que son parti a dû payer pour obtenir un siège à l’Assemblée nationale populaire (APN). S’exprimant lors d’une conférence de presse consacrée aux questions organiques, Moussa Touati a expliqué que le seul siège obtenu par le FNA à l’APN, lors des élections législatives du 4 mai dernier, a eu lieu après avoir payé une commission. «Nous avons été forcés de verser de l’argent aux agents de l’administration afin d’obtenir les procès-verbaux de dépouillement que nous avons utilisés pour présenter des recours afin de récupérer le siège de Blida», a rapporté le journal arabophone El-Khabar dans son édition d’aujourd’hui, citant le chef du FNA.
Dans la foulée, Moussa Touati a appelé à l’annulation du résultat des élections législatives «à cause de la fraude et de la faible participation, comme l’attestent les observateurs étrangers».
En attendant les suites que donnera la justice à cette affaire, la déclaration de Moussa Touati ne fait que confirmer le ressentiment qu’ont beaucoup d’acteurs politiques sur la transparence et l’intégrité des élections législatives du 4 mai 2017 en Algérie.
Pour rappel, la Mission d’expertise électorale de l’UE (MEE) de 2017 a dressé, à travers son rapport rendu public en juillet dernier, un constat accablant quant au déroulement du scrutin législatif de mai dernier. La mission a pointé du doigt de multiples dysfonctionnements, voire des aberrations qui minent les scrutins en Algérie. «Malgré les recommandations des précédentes missions d’observation et d’expertise électorale de l’UE, respectivement en 2012 et 2014, les listes électorales ne font toujours pas l’objet, en 2017, d’une consolidation au niveau national. Dressées et révisées au niveau des communes et représentations diplomatiques ou consulaires, l’accès à ces listes demeure extrêmement restreint, privant les parties prenantes au processus d’une possibilité de contrôle effectif de leur fiabilité», note le rapport de la MEE.
Par ailleurs, le nouveau cadre électoral n’a pas modifié la structure de l’administration électorale. «L’organisation des élections demeure de la seule compétence du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. La création de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) a permis une constitutionnalisation de la surveillance des élections. Toutefois, cette dernière ne joue aucun rôle dans l’organisation même des scrutins et ses attributions de supervision et de contrôle restent, de facto, limitées», lit-on encre dans le rapport de ladite mission.
Autre aberration relevée par le rapport de l’UE : «Selon le nouveau cadre juridique des élections, les représentants des partis politiques/candidats n’ont pas accès, en qualité d’observateurs, à toutes les étapes du processus électoral et aux structures de l’administration électorale, notamment aux différentes commissions électorales mises en place lors de la compilation et de la centralisation des résultats.»
Concernant le dépouillement que Moussa Touati cite dans ses révélations, «le (cadre des élections ne fait jamais référence à la publication systématique, au niveau central, des procès-verbaux de dépouillement de chaque bureau de vote, alors même que cette publication est essentielle afin de garantir la transparence des scrutins», ajoute le rapport.
R. Y.
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