Quand Gaïd Salah se réfère longuement à un discours de Bouteflika
Par Hani Abdi – Dans son allocution d’ouverture de la cérémonie de destruction du dernier lot de mines antipersonnel à Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, s’est longuement référé aux précédents discours du président Bouteflika et ses directives.
Après les mots de bienvenue à l’assistance, dont le personnel diplomatique et un représentant de l’Assemblée des Etats Parties à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, Gaïd Salah a longuement cité le président Bouteflika, «chef suprême des armées», en rappelant que rien n’a pu être accompli sans lui et son engagement pour l’éradication de ce fléau.
Le vice-ministre a consacré son intervention à la reprise d’une ancienne allocution du président Bouteflika sur le sujet. «En ce lieu précisément et en date du 24 novembre 2004, Son Excellence le président de la République avait souligné que l’Algérie tenait, à travers cette cérémonie de destruction de son stock de mines antipersonnel, à démontrer son adhésion active et réelle à la démarche entreprise par la communauté internationale, visant à débarrasser le monde de cette arme meurtrière», a rappelé le chef de l’état-major, poursuivant que «le président de la République a tenu à souligner que ce sont les circonstances particulières auxquelles l’Algérie a dû faire face dans ce domaine qui nous ont contraints à entamer une démarche résolue de déminage et d’assainissement du territoire national bien avant l’adoption de la Convention d’Ottawa en 1997 sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. De par son histoire et son ferme attachement aux instruments de désarmement et de droit humanitaire, l’Algérie a embrassé une noble cause, en adhérant à cette convention».
Le vice-ministre de la Défense ne s’est pas limité à ces passages. Il a continué en affirmant qu’«enfin, le président de la République a ajouté que la signature et la ratification de cette convention par l’Algérie ainsi que l’opération de destruction de son stock de mines antipersonnel constituent un pas de géant sur la voie de l’élimination définitive de cette munition fatale et aveugle. C’est également un engagement international qu’il nous tenait à cœur d’honorer, d’autant que l’Algérie a énormément souffert des séquelles de ce fléau et ose espérer que les dispositions de cette convention soient scrupuleusement respectées par tous».
Cette reprise avec insistance du discours de Bouteflika par le chef de l’état-major Ahmed Gaïd Salah intervient dans un contexte politique particulier où des voix sollicitent l’intervention de l’armée pour destituer le chef de l’Etat, considéré par ces mêmes voix comme inapte à poursuivre sa mission présidentielle. Saisissant la forte présence médiatique à cet événement, Ahmed Gaïd Salah semble avoir voulu réaffirmer indirectement sa pleine allégeance au chef de l’Etat. C’est un message qui semble être à la fois destiné à ceux qui l’appellent à intervenir, mais aussi au président Bouteflika pour le rassurer qu’il a toujours son soutien.
Dans son dernier édito, la revue El-Djeich avait déjà répondu à ceux qui appelaient à destituer Bouteflika en les qualifiant de mercenaires. «Ces «plumes», ayant constaté leur échec à capter l’intérêt du peuple, ont cru bon de s’attaquer à l’ANP, pensant qu’à coups d’accusations, de procès d’intention, de travestissement de la vérité, avec profusion de notions académiques rébarbatives, de citations, d’aphorismes et autres artifices rhétoriques, qu’on leur déroulera le tapis rouge, que le peuple applaudira et qu’elles entreront au panthéon de l’histoire», avait écrit l’éditorialiste de la revue El-Djeich.
H. A.
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