Bernard Kouchner plaide pour l’éclatement de l’Irak
Par Sadek Sahraoui –L’inventeur du droit d’ingérence humanitaire et fondateur de Médecins sans frontières (MSF), Bernard Kouchner, dit apporter un soutien inconditionnel au référendum d’indépendance du Kurdistan irakien, prévu le 25 septembre et auquel s’opposent la Syrie, l’Iran, Bagdad, la Turquie et les Etats-Unis. Autrement dit, l’ex-ministre français des Affaires étrangères est favorable à l’éclatement de l’Irak en plusieurs petits Etats. «Tout le monde profite des Kurdes, mais on ne veut pas qu’ils soient indépendants. Quand même, c’est d’un cynisme invraisemblable», s’est insurgé M. Kouchner, cofondateur de l’ONG Médecins sans frontières, au micro de l’émission «Internationales» (TV5 Monde/RFI/Le Monde).
Se revendiquant comme «le plus vieux soutien des Kurdes», l’ancien membre du PS rappelle qu’ils constituent «le plus grand peuple sans Etat». «Les différences entre eux, et parfois les affrontements, sont réels, mais ce n’est pas aux Américains de décider, ni aux Français», a-t-il ajouté.
Le référendum en question, qui concerne quelque 5,5 millions de Kurdes irakiens, inquiète les pays voisins, comme la Turquie ou l’Iran, qui redoutent qu’il n’encourage les velléités séparatistes de leurs minorités kurdes. La Maison-Blanche a appelé hier à l’abandon de cette consultation, estimant qu’elle serait une entrave à la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI).
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, prônant un dialogue entre Bagdad et le Kurdistan irakien autonome, a estimé aussi que le référendum sur l’indépendance que souhaitent organiser les Kurdes irakiens le 25 septembre serait une «initiative inopportune». «Il y a dans la Constitution irakienne des éléments très importants sur l’autonomie. Ils doivent être respectés, validés et sécurisés, dans le cadre du dialogue entre Bagdad et le Kurdistan. Il nous semble que toute autre initiative serait inopportune», a déclaré le ministre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.
L’ONU a proposé, de son côté, d’aboutir d’ici trois ans à un accord entre le Kurdistan irakien et le gouvernement fédéral à Bagdad sur le statut de la région autonome, en échange du report du référendum sur son indépendance.
La Cour suprême irakienne, la plus haute instance judiciaire du pays, a rappelle-t-on, ordonné hier la suspension du référendum d’indépendance jusqu’à ce qu’elle puisse examiner sa constitutionnalité. La requête en inconstitutionnalité a été soumise par le Premier ministre Haïder Al-Abadi, a affirmé son bureau. «La Cour suprême a émis un ordre de suspendre la procédure d’organisation du référendum prévu le 25 septembre sur ordre de la présidence du Kurdistan jusqu’à ce qu’elle examine les plaintes qu’elle a reçues, affirmant que cette consultation est anticonstitutionnelle», a indiqué son communiqué. «La Cour s’est réunie lundi et a passé en revue les requêtes pour arrêter le référendum au Kurdistan et dans les régions (disputées par Erbil et Bagdad, ndlr). Après délibération, elle a pris cette décision», a précisé le communiqué.
Le bureau du Premier ministre a indiqué que M. Al-Abadi «avait envoyé une requête à la Cour suprême concernant l’inconstitutionnalité de la procédure de séparation de n’importe quelle région d’Irak et a demandé de suspendre le référendum».
S. S.
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