Médias parallèles
Par Kamel Moulfi – Qu’est-ce qui sortira des interventions des députés sur le plan d’action du gouvernement ? Les premiers échos des séances consacrées à ce débat n’indiquent rien d’exceptionnel qui prouverait que le moment que traverse le pays est critique. La nouvelle APN ne se distingue pas de la précédente pour ce qui est de l’absentéisme. Les images montrent des bancs inoccupés suffisamment nombreux pour que le fait soit significatif.
Pour sa deuxième session depuis que la nouvelle législature a commencé le printemps dernier après son élection en mai, l’APN semble déjà installée dans l’activité routinière. Les députés se sentent-ils maltraités en constatant qu’en quelques mois à peine, ils en sont à la deuxième présentation d’un plan d’action gouvernemental ? Le premier, présenté par Abdelmadjid Tebboune, avait été adopté sans surprise et celui exposé dimanche par Ahmed Ouyahia ne connaîtra pas un sort différent. Il sera avalisé. Alors, doivent penser certains députés, et ils sont peut-être nombreux, à quoi bon débattre ?
En réalité, le débat plus incisif se déroule à l’extérieur de l’enceinte parlementaire, sur les chaînes satellitaires privées et sur les réseaux sociaux, où experts et personnalités politiques, voire simples citoyens, ne sont gênés par aucune contrainte pour livrer leur avis. L’opposition voit dans cet espace d’expression libre non seulement un moyen de contourner les médias lourds mais, bien au-delà, la possibilité de s’adresser directement à un auditoire de jeunes qui constitue en même temps un gisement électoral que tous les partis politiques caressent sans doute l’espoir de gagner.
Certes, dans l’immédiat et dans les conditions «spécifiques» qui caractérisent l’activité politique en Algérie, le débat qui se déroule sur les réseaux sociaux en parallèle au débat «officiel» répercuté par les médias lourds ne permet, dans le meilleur des cas, qu’à connaître les tendances dominantes dans l’opinion publique, mais, lorsqu’arrivera l’échéance de 2019, tout peut se jouer sur ces médias non conventionnels que sont les réseaux sociaux.
K. M.
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