Rohingyas : pour Amnesty, Aung San Suu Kyi pratique la politique de l’autruche
Amnesty international a estimé ce mardi que la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi pratiquait «la politique de l’autruche», concernant «les horreurs» qui se déroulent dans l’Etat de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie. «Il existe des preuves écrasantes que les forces de sécurité sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique», affirme l’ONG, qui regrette que la prix Nobel de la paix n’ait pas dénoncé, dans son discours à l’ONU mardi, le rôle de l’armée dans ces troubles qui ont poussé plus de 410 000 musulmans rohingyas à fuir au Bangladesh depuis fin août.
A signaler que la dirigeante birmane a assuré dans son discours que son pays était «prêt» à organiser le retour des Rohingyas musulmans réfugiés au Bangladesh voisin, se disant «profondément désolée» pour les civils «pris au piège» de la crise. «Nous sommes prêts à débuter la vérification» des identités des réfugiés en vue de leur retour, a-t-elle déclaré dans l’enceinte du Parlement, à Naypyidaw, la capitale birmane, dans un discours télévisé très attendu après plus de trois semaines de troubles dans l’ouest de la Birmanie. «Nous condamnons toutes les violations des droits de l’homme», a ajouté Aung San Suu Kyi, sans citer l’armée, accusée d’incendier des villages et de tirer sur des civils.
L’ONU de son côté a parlé d’«épuration ethnique». «Les forces de sécurité ont reçu des instructions» afin de «prendre toutes les mesures pour éviter les dommages collatéraux et que des civils soient blessés» lors de l’opération antiterroriste, a-t-elle encore dit. «Nous sommes profondément désolés pour les souffrances de tous ceux qui se sont retrouvés pris au piège de ce conflit», a-t-elle ajouté, évoquant les civils ayant fui en masse au Bangladesh. «Nous ne voulons pas que la Birmanie soit divisée par les croyances religieuses», a-t-elle insisté.
Les violences et discriminations contre les Rohingyas se sont intensifiées ces dernières années : traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, ils représentent la plus grande communauté apatride du monde. Depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils sont soumis à de nombreuses restrictions : ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation et ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics (écoles et hôpitaux).
R. I.
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