Recours à la planche à billets : la mise en garde de l’ex-ministre des Finances
Par Hani Abdi – Le financement non conventionnel, inscrit dans le plan d’action du gouvernement Ouyahia, continue de susciter le débat en dehors de l’Assemblée populaire nationale. Selon l’ancien ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, ce mode de financement, bien qu’utilisé par de nombreux pays, ne constitue qu’une partie de la solution aux difficultés financières auxquelles est confrontée l’Algérie.
Intervenant ce mercredi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, Abderrahmane Benkhalfa souligne que le financement non conventionnel doit être «exceptionnel» et ne doit aucunement «nous faire oublier les autres efforts à faire pour sortir le pays de cette situation financière complexe». L’ancien ministre des Finances a rappelé que la démarche gouvernementale qui ne se limite pas à un seul aspect. Il a relevé que dans le programme d’action du gouvernement, il y a aussi des réformes structurelles et l’efficience budgétaire qui font que ce type de financement représente «l’exception». En effet, le gouvernement s’est engagé à poursuivre les efforts pour la réduction de la facture des importations parallèlement au redressement des dépenses publiques.
L’ancien ministre des Finances appelle ainsi à ce que l’effort soit concentré sur les autres aspects et à ne pas recourir excessivement à ce mode de financement. L’ancien ministre – également expert en économie – met en garde contre les méfaits d’un recours excessif à ce mode de financement. Il estime qu’il est impératif de protéger le dinar, mais aussi le pouvoir d’achat, en agissant dans le sens de la maîtrise de l’inflation.
Abderrahmane Benkhalfa affirme qu’il ne doute pas des compétences du Premier ministre Ahmed Ouyahia, mais appelle les banques à ne pas céder à la facilité, à développer de nouveaux produits et à chercher à attirer plus d’argent qui circule notamment en dehors des canaux financiers officiels. Abderrahmane Benkhalfa appelle à la mobilisation de toutes les ressources disponibles en renversant les anciennes habitudes et en travaillant avec de nouveaux instruments.
Défendant son bilan à la tête du ministère des Finances – notamment l’emprunt obligataire et l’opération visant à bancariser l’argent de l’informel –, Abderrahmane Benkhalfa estime que le gouvernement doit poursuivre cette démarche afin de mobiliser toutes les ressources dormantes qui se trouvent dans les circuits informels et qui représenteraient 20% du PIB. L’ancien ministre souligne ainsi qu’il est impératif de libérer l’acte d’investir et de faciliter l’acte d’exporter. Il plaide dans ce sillage pour flexibilité des règles de transfert des petites opérations d’export. «Il est inconcevable qu’on attende deux mois pour un transfert d’argent de Washington à Alger et vice versa», dénonce-t-il, estimant nécessaire de poursuite la réforme du système financier et sa modernisation. Il faudrait, selon lui, ouvrir les dossiers des subventions, du partenariat public-privé, de l’ouverture du capital des entreprises et des banques publiques, de la réforme bancaire et de l’investissement direct. L’ancien ministre des Finances appelle même à revoir la règle 51/49.
Abderrahmane Benkhafla considère que le secteur des services doit bénéficier d’une plus grande intention en ce sens qu’il recèle beaucoup de ressources capables de tirer vers le haut la croissance économique et stimuler les exportations. Il considère également qu’il y a un grand potentiel d’exportation dans le secteur agroalimentaire.
H. A.
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