La force du G5 Sahel, un projet mort-né ?
Par Sadek Sahraoui – Le président français Emmanuel Macron a saisi l’opportunité de sa participation aux travaux de l’Assemblée générale des Nations unies pour essayer de convaincre à nouveau la communauté internationale de financer la force du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Fasso, Tchad et Mauritanie) qui doit être opérationnelle au mois d’octobre. Pour mieux vendre le projet, la France a même organisé à New York une réunion de haut niveau à laquelle ont pris part les chefs d’Etat du G5 Sahel, le président en exercice de l’Union africaine Alpha Condé, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et un représentant de l’Administration américaine. Malgré son intense lobbying, la France n’a pas réussi à convaincre de l’utilité de son initiative.
Comme pour les précédentes fois, le projet s’est heurté au scepticisme du Conseil de sécurité, notamment des Etats-Unis qui considèrent que le mandat demandé par la France pour cette force est «trop vaste et manque de précision». Pour Washington, la force du G5 Sahel est également difficile à concrétiser sur le terrain. Les responsables américains estiment, de plus, qu’il n’y a pas de raison impérieuse d’accorder l’autorisation du Conseil de sécurité au G5 Sahel conformément au chapitre 7 de la charte des Nations unies qui autorise le recours à la force sous le mandat de l’ONU.
La mobilisation de fonds pour cette force militaire s’avère donc de plus en plus difficile, d’autant plus que le président Donald Trump compte réduire la contribution des Etats-Unis au budget de maintien de la paix de l’ONU d’un milliard de dollars.
Les dirigeants du G5 Sahel, réunis en sommet en juillet dernier à Bamako avec le président français Emmanuel Macron, avaient convenu d’un budget de 423 millions d’euros pour cette force conjointe régionale qu’ils veulent déployer contre les groupes terroristes qui pullulent dans la région. Et pour le moment, ils n’ont pu récolter que 50 millions de dollars. Bien évidemment, la somme est bien trop insuffisante pour entreprendre quoi que ce soit. Si des fonds ne sont pas vite trouvés, le G5 Sahel risque d’être un projet mort-né.
S’agissant du Mali, le président Macron a indiqué mardi à New York qu’il était nécessaire d’«apporter une réponse politique» à la crise malienne, soulignant la nécessité de mettre en œuvre l’accord de paix issu du processus d’Alger. «Assurément, la réponse militaire ne pourra jamais être la seule réponse. Je veux insister ici sur la nécessite d’une réponse politique – et je pense bien sûr à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger – et de développement», a-t-il déclaré à la tribune de l’ONU. Emmanuel Macron, qui prononçait son premier discours à l’ONU, dans lequel il a offert sa vision du multilatéralisme, a soutenu que face au terrorisme et aux migrations, il fallait également relever le défi de développement : «Sans développement, la sécurité est une vue de l’esprit.»
S. S.
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