Et le consensus ?
Par Kamel Moulfi – Deux mots ont quasiment disparu du discours politique du pouvoir : dialogue et consensus. Ils étaient récurrents durant la courte période où Abdelmadjid Tebboune a été Premier ministre. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui lui a succédé, n’est-il pas dans le besoin de ratisser large, dans la classe politique et dans la société civile, pour mener à bien le plan d’action du gouvernement ? Est-ce qu’il se suffit du soutien des députés qui ont voté sans surprise pour «son» plan, mais qui se sont distingués par un absentéisme qui en dit long sur leur mobilisation ? Ou est-ce une question d’agenda trop rempli sous deux casquettes qui empêcherait le Premier ministre de consacrer du temps aux séances de discussions, longues et harassantes, avec l’opposition et les partenaires sociaux ?
On peut penser que, pour l’immédiat (deux mois) et même pour le moyen terme (moins de vingt mois) ce sont les échéances électorales, locales et présidentielle, qui dictent la marche à suivre par chaque parti. La casquette de secrétaire général du RND impose à Ouyahia des obligations partisanes que tout le monde comprend. Le renouvellement des APC et des APW, s’il laisse indifférente une bonne partie de la population – tentée, selon toute vraisemblance, par l’abstention massive comme aux législatives – constitue pour les partis, et en premier lieu le FLN et le RND, un test décisif avant la présidentielle de 2019. Aussi bien Ould Abbès qu’Ouyahia savent qu’avant les élections, les dérapages «internes» arrivent comme une fatalité, alors que leurs formations politiques respectives sont engagées dans une course au leadership.
Le FLN connaît déjà les des tensions et une grogne qui se traduisent par la contestation de listes entières de candidats dans plusieurs kasmas. Les échos qui parviennent de la direction de l’ex-parti unique laissent entendre que la crise qu’il traverse depuis quelques années, depuis l’éviction de Belkhadem, n’a pas été résorbée. Il est certain qu’Ouyahia veut à tout prix éviter au RND de connaître le même sort. D’où sa gestion risquée des priorités.
K. M.
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