Ruse islamiste
Par Kamel Moulfi – Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) serait-il en train de modifier son cap sous la direction de son nouveau président, Abdelmadjid Menasra ? Ce serait alors la fin de l’épisode de repli sur soi imposé à ce parti par Abderrezak Mokri, qui l’avait dirigé depuis mai 2013.
Les contours d’une fracture dans le MSP se révèlent chaque jour un peu plus, à travers les positions prises à l’égard du pouvoir par ses différents leaders. Deux ailes se dessinent : l’une conciliante, représentée par Menasra, et qui comprend également Aboudjerra Soltani, face à l’autre, ouvertement radicale, menée par Mokri qui se cramponne à ses attaches rétrogrades avec la confrérie des Frères musulmans.
Ce n’est pas par hasard qu’Ouyahia s’est appesanti sur la situation dans ce parti quand il a répondu aux députés, lors du débat autour du plan d’action du gouvernement, à l’APN. En citant comme repère de valeur du MSP Mahfoud Nahnah, il a intelligemment enfoncé un coin dans les rangs de cette formation politique en ravivant les tendances opportunistes qui avaient amené les islamistes à se compromettre avec le pouvoir en se rapprochant du FLN et du RND. C’est ce qui avait permis à Menasra et à Soltani, notamment, de goûter aux avantages qu’il y a à être dans le gouvernement. Ils ont été ministres, un «privilège» que n’a jamais eu Mokri.
Une chose semble sûre : les islamistes ne profiteront pas de la mauvaise situation que traverse le pays ni de la position difficile dans laquelle se trouve le pouvoir. Les élections locales du 23 novembre devraient confirmer leur reflux enregistré lors des législatives. Les électeurs qui leur sont proches ou ceux qu’ils tentent de gagner préfèrent s’abstenir que de voter pour les islamistes. Cette tendance est confirmée par les échos qui font état des difficultés des partis de l’alliance Ennahda-El-Bina-El-Adala à boucler leurs listes de candidats faute de signatures de citoyens. Mais il ne faut pas croire que le rejet de l’islamisme politique chez les Algériens traduit le recul de son idéologie dans la société.
K. M.
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