Le déplacement des migrants africains entre les wilayas désormais interdit
Par Ramdane Yacine – L’Algérie prend au sérieux le phénomène de la migration subsaharienne sur son territoire, au point où les autorités ont instruit les wilayas pour en limiter le mouvement. A cet effet, une instruction émanant du ministère des Travaux publics et des Transports datée du 24 septembre 2017 enjoint les directions de wilaya de circonscrire le déplacement des migrants dans les transports interwilayas (bus et taxis) sous peine d’exposer les contrevenants au retrait définitif de la licence d’exploitation.
Cette dernière mesure prouve, si besoin est, que le phénomène de l’immigration clandestine inquiète vraiment les autorités et qu’il est suivi de près. Loin de verser dans le racisme, cette mesure vise juste à éviter que les migrants se déplacent entre les wilayas pour mieux en maîtriser le flux.
Notons que ces derniers jours, des centaines de migrants clandestins ont été arrêtés par des unités de l’ANP dans la wilaya de Tamanrasset. Le phénomène, d’origine récente, devient récurrent et les vagues de rapatriement organisées périodiquement par les autorités algériennes en concertation avec les gouvernements des pays d’origine des migrants n’y font rien.
Selon les derniers chiffres disponibles, 25 000 Subsahariens en situation irrégulière et réfugiés, essentiellement originaires du Mali et du Niger, sont recensés actuellement. Le phénomène risque de perdurer en raison de l’insécurité qui prévaut toujours dans les pays du Sahel.
En juillet dernier, Ahmed Ouyahia avait provoqué une polémique sans précédent à propos des migrants subsahariens. «Les étrangers en séjour irrégulier amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux», avait-il déclaré, alors qu’il était directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika. «Ces gens-là sont venus de manière illégale […]. On ne dit pas aux autorités ‘etez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts’, mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles», avait-il ajouté. Ahmed Ouyahia avait alors été soutenu par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a parlé le 11 juillet de «mesures urgentes» qui doivent être prises par le gouvernement contre le flux important de migrants entouré par des «réseaux organisés».
Le 25 juillet, le gouvernement dirigé par Abdelmadjid Tebboune entrait en scène. Une opération de régularisation progressive de la situation des immigrants africains fut annoncée par le désormais ex-Premier ministre : «Les migrants africains vont être recensés, vaccinés, pris en charge et progressivement intégrés. Ce recensement se fera sur la base du pays d’origine, de l’âge et du sexe. Des enquêtes seront également menées pour chaque individu, et ce, avec l’aide des ambassades et représentations diplomatiques ainsi que la représentation de l’Union Africaine en Algérie. Cette mesure a pour objectif de faire le point en ce qui concerne les personnes qui présentent un risque sécuritaire.»
R. Y.
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