Du séparatisme
Par R. Mahmoudi – Le référendum d’indépendance du Kurdistan irakien a été, partout en Occident, accueilli avec enthousiasme et très rarement avec réserve, comme c’est le cas de Washington, qui, pour des raisons tactiques, a promis de ne pas en reconnaître les résultats. Tous les médias ont souligné «le long chemin parcouru» par les Kurdes à travers les siècles pour pouvoir enfin s’émanciper, en rappelant le droit des peuples à leur autodétermination.
C’est ce paradigme universel qui a été brandi par Bernard-Henri Lévy pour aller saluer la victoire de ses amis peshmergas à Erbil et lever le toast pour ce premier grand pas vers le morcellement tant rêvé du monde arabe. Mais, alors, pour ce qui est des répercussions inéluctables de cette douloureuse déchirure sur l’avenir de la région ou de ses populations, c’est vraiment leur dernier souci. Tant que cela se déroule loin de leurs frontières.
Ces faiseurs d’opinion ne trouveraient pas d’inconvénient à soutenir des minorités opprimées par des régimes dictatoriaux, même quand celles-ci sont musulmanes, comme c’est le cas par exemple des Rohingyas en Birmanie, voisine de la Chine. Mais, dès qu’il s’agit d’une minorité ou d’une communauté européenne – le cas des Catalans qui réclament leur indépendance –, l’universalisme devient une coquetterie philosophique et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, une notion mortelle.
En empêchant de facto l’organisation d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, Madrid était assuré de l’appui indéfectible de tous les pays de l’Union européenne. D’abord, parce que l’idée même de séparation est antinomique au projet d’union et met à nu le caractère artificiel de la construction européenne voulue et imposée par les élites dirigeantes. Les Européanistes savent aussi que l’exemple catalan peut faire tache d’huile et réveiller des aspirations insoupçonnées. C’est pourquoi, on ne verra jamais un Bernard-Henri Lévy venir fêter l’indépendance de la Catalogne.
R. M.
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