Les islamistes algériens seront-ils privés de leur modèle wahhabite ?
Par Houari Achouri – Les islamistes algériens vont-ils bientôt perdre le modèle de régime rétrograde appliqué à la femme qui les confine au foyer, comme le proclamait le programme du FIS dissous ? L’Arabie Saoudite va ouvrir une école de conduite automobile pour les femmes après avoir annoncé la levée de l’interdiction de conduire qui les visait. C’était le seul pays au monde à interdire aux femmes de conduire mais chez nous, en Algérie, il y a eu des esprits rétrogrades qui ont rêvé d’emboîter le pas à l’Arabie Saoudite dans la perspective de fermer l’une après l’autre les voies de l’émancipation de la femme algérienne. En ce sens, la victoire des militants saoudiens, qui se sont battus pour les droits des femmes dans leur pays, est également une victoire pour les femmes dans tous les pays musulmans, y compris le nôtre.
En cassant ce premier tabou, les autorités saoudiennes veulent-elles signifier que l’ère de la modernisation a commencé dans la société la plus rétrograde et la plus antidémocratique du monde ? Des spécialistes expliquent que la décision d’autoriser les femmes à conduire un véhicule est motivée par des considérations économiques, les familles des couches moyennes n’ayant plus les moyens financiers de s’offrir un chauffeur pour conduire les enfants à l’école. Les mêmes considérations économiques liées aux conséquences de la crise due à la baisse des recettes pétrolières du royaume imposeraient aux hommes de laisser leurs femmes et leurs filles aller travailler pour accroître les revenus de la famille et faire face aux effets de la crise sur leur vie quotidienne.
L’Arabie Saoudite est confrontée également à la nécessité de soigner l’image du royaume, dominée actuellement par les pratiques rétrogrades contre la société à l’intérieur – exécutions et châtiments corporels au nom de la religion – et, au plan international, par l’agression du Yémen ainsi que l’alimentation idéologique des groupes terroristes par le wahhabisme.
Jusqu’où ira l’actuel homme fort de l’Arabie Saoudite, le prince héritier Mohammed Ben Salmane, dans les mesures en faveur de la libération des femmes de son pays de la soumission à une législation archaïque ? Va-t-il prendre le risque de faire basculer son pays dans la liberté et la démocratie ? Quel modèle resterait-il aux salafistes dans le monde, en Algérie notamment ?
On sait qu’au plan des libertés politiques, l’Arabie Saoudite est classée comme pays non libre. Ne parlons pas de la liberté de la presse, qui n’existe pas. On se rappelle du cas de cet adolescent de 14 ans incarcéré pour avoir dansé la Macarena dans une rue de Djeddah et de ce chanteur qui a eu à affronter les forces de l’ordre après un concert à Taif, pour avoir effectué sur scène un geste à la mode mais interdit dans le royaume. Le pire est que des jeunes Saoudiens sont exécutés pour avoir participé à des manifestations politiques.
Les militants qui se battent à l’intérieur même de l’Arabie Saoudite savent que la partie est encore loin d’être gagnée.
H. A.
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