Le Tchad se rebelle contre Trump : Idriss Deby ferme l’ambassade américaine à N’Djamena
Par Sadek Sahraoui – En réaction à la décision du président américain Donald Trump d’interdire l’accès au territoire américain aux citoyens tchadiens, Idriss Deby a, selon le site d’informations Sene News Actu, décidé de fermer l’ambassade des Etats-Unis à N’Djamena.
Un décret signé récemment par le successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche classe les Tchadiens comme une population à risque. D’après Sene News Actu, «ce décret fait suite au boycott de la dernière Assemblée générale de l’ONU par le président Deby pour protester contre la mauvaise volonté des puissances du monde à laisser l’Afrique se développer sans les guerres et les conflits». Le Tchad paierait également son «manque de coopération avec Washington» dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
Dans un communiqué rendu public la semaine dernière, le président malien Ibrahim Boubakar Keita, président en exercice du G5 Sahel, avait exprimé sa préoccupation et celle des pays du G5 Sahel concernant cette question. Il a demandé la levée de ce décret compte tenu du rôle stratégique que joue le Tchad dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Le président tchadien Idriss Deby Itno a également bénéficié mercredi dernier du soutien de l’Union africaine (UA), qui a exprimé sa «perplexité» face à cette mesure «injuste» frappant N’Djamena, «surtout au vu de son rôle important dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad, dans le nord du Mali et dans le Sahel». La décision a fait également des remous jusqu’aux Etats-Unis. Des officiels du Pentagone, du département d’Etat ainsi que des diplomates en poste au Tchad s’y sont opposés au nom des «intérêts américains», selon le New York Times.
Cette mesure «n’a aucun sens», a estimé sur Twitter Herman Jay Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines. Ce dernier qualifie le Tchad d’«allié» dans la lutte contre le groupe djihadiste nigérian Boko Haram. «Cette décision n’entame en rien les relations d’excellence entre nos deux pays», a voulu tempérer, mardi face à la presse, l’ambassade américaine à N’Djamena, Geeta Passi.
Le Tchad a organisé des exercices militaires avec les Etats-Unis et a reçu une importante aide militaire américaine. Un récent rapport du Département d’Etat jugeait encourageants les résultats de N’Djamena en matière de lutte antiterroriste. «Le nombre de Tchadiens qui rejoignent des organisations terroristes était peu élevé en 2016», selon le rapport.
Quoi qu’il en soit, N’Djamena se retrouve maintenant logé à la même enseigne que des adversaires déclarés des Etats-Unis (Corée du Nord, Iran, Venezuela) ou des pays atomisés par la guerre civile et les groupes armés comme la Libye, la Syrie, la Somalie ou le Yémen.
S. S.
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