Comédie saoudienne
Par R. Mahmoudi – Les Al-Saoud ont beau multiplier les mesures de modernisation et de sécularisation du royaume (dissolution du Comité de la promotion de la vertu et de la lutte contre le vice, purge musclée dans les milieux conservateurs, autorisation «révolutionnaire», et sans fatwa, de la conduite de la voiture pour les femmes…), pour plaire à leurs protecteurs occidentaux, mais, ils sont vite rattrapés par leurs vieux atavismes qu’ils ne peuvent plus malheureusement cacher.
L’annonce, faite par l’agence officielle-même, de la mise à mort d’un citoyen saoudien ce lundi à Riyad, portant à cent le nombre d’exécutions en Arabie Saoudite depuis le début de l’année, a de quoi ressusciter tous les doutes sur la sincérité de leur démarche et sur cette idée même de réforme prônée par le prince héritier, Mohammed ben Salman, qui est le vrai interlocuteur de Washington et de ses alliés, et qui est vantée à longueur de colonnes et de reportages dithyrambiques par tous les médias dominants.
Cela dit, les tenants de la bien-pensance occidentaux vont, comme à chaque fois, simuler une vive émotion et condamner subrepticement (Amnesty International joue bien ce rôle) un aspect «exécrable» du royaume des ténèbres, mais continueront à passer l’éponge sur les drames que provoquent chaque jour l’armée saoudienne au Yémen et ailleurs, et à lui pardonner tout le mal occasionné par ses soutiens tentaculaires ayant profité aux semeurs de la mort qui terrorisent aujourd’hui l’Occident.
Après tout, la question des droits de l’Homme est, comme celle de la liberté d’expression ou celle du droit des peuples à l’autodétermination, tout à fait secondaire devant les chamboulements qui menacent aujourd’hui de plus en plus de pays, y compris en Europe, qui se croyaient à jamais immunisés.
R. M.
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