L’islamo-business
Par Kamel Moulfi – Le 5 octobre 1988, les violentes émeutes qui se sont propagées à l’ensemble du pays, qui ont entraîné la fin du système du parti unique, bousculant en profondeur l’Etat et la société, ont fait émerger brutalement les islamistes qui étaient, au départ, totalement étrangers à ce mouvement populaire déclenché autour de revendications sociales et démocratiques, indéniables bien qu’exprimées de manière confuse.
Les islamistes ont cherché et finalement réussi à récupérer après coup, cette contestation massive, sans doute encouragés par des manipulations de politiciens effrayés par l’ampleur et par le caractère populaire du mouvement.
Les dirigeants islamistes ont pris le train en marche et ont surtout profité de l’aubaine que leur a procuré la prière du vendredi marquée par une très forte affluence vers les mosquées. Ils ont ainsi inauguré, dès les premiers jours qui suivirent le 5 Octobre et alors que le mouvement se poursuivait, leur pratique d’utilisation du lieu de culte et, plus largement, de la religion comme moyens politiques de parvenir au pouvoir. Quand ces moyens ne suffiront pas, faute d’appuis dans la population et face à la riposte du pouvoir, ils basculeront carrément dans le terrorisme qui a endeuillé le pays et dont les séquelles ne sont pas encore totalement éliminées.
Dans le sillage des manifestations du 5 Octobre et profitant des calculs politiciens motivés par la volonté du pouvoir de garder les commandes du pays, les dirigeants islamistes ont pu imposer dans le paysage politique leur parti, le FIS dissous, qui tenta par tous les moyens – heureusement vains – d’instaurer un système totalitaire. Il réussit toutefois à subjuguer une partie de la population sensible à son discours démagogique, construit à partir d’une interprétation de la religion aux antipodes des traditions algériennes. Ses dirigeants promettaient une «dawla islamya» fondée sur l’application de la charia qui garantirait la justice mais, en fait, ils agissaient pour le compte d’une caste d’affairistes dont le dernier souci était bien d’établir un régime où régnerait la justice.
K. M.
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