Attentat meurtrier au Niger : la menace sur les frontières algériennes se précise
Par R. Mahmoudi – L’accrochage qui a fait hier, jeudi, trois blessés dans les rangs de l’armée américaine et un mort dont la nationalité n’a pas été précisée au Niger – le président nigérien évoque un «lourd bilan» –, est un indice très sérieux de l’aggravation de la situation dans la région du Sahel, et marque une hausse inquiétante de la menace terroriste au sud des frontières avec l’Algérie, concomitamment avec la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, autre pays partageant de vastes frontières avec le Niger.
Cette recrudescence de l’action terroriste menée par des groupes islamistes armés affiliés soit à Al-Qaïda, soit à Daech, était somme toute prévisible, après les saisies d’importants arsenaux d’armement dans les régions du sud du pays, annoncées périodiquement depuis plusieurs mois par des communiqués du ministère de la Défense nationale. Ces découvertes sont aussi la preuve que les djihadistes n’ont jamais désespéré de s’infiltrer en Algérie pour y commettre des attentats d’envergure, comme celui qui a visé, en janvier 2013, le complexe gazier d’In Amenas et fait 40 morts. Seule la vigilance accrue des détachements de l’ANP a, jusqu’ici, empêché ces groupes de traverser les frontières, au moment où les opérations de lutte antiterroriste pilotées dans les pays subsahariens, soit par l’armée française dans le cadre de l’opération «Berkhane», soit par le commandement américain en charge de l’Afrique (Africom), montrent des faiblesses inquiétantes.
La reprise des attentats meurtriers au Mali depuis quelques mois et la réapparition des anciens groupes armés dans le nord de ce pays dénotent clairement l’échec de la stratégie mise en place par l’armée française, en coordination avec l’armée malienne et les forces onusiennes déployées dans ce pays depuis le début des hostilités déclenchées par les groupes rebelles de l’Azawad.
Autre faille de la lutte antiterroriste dans la région du Sahel : l’inefficacité des forces antiterroristes conjointes mises en place dans le cadre du G5 Sahel (regroupant le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad), en raison du problème du financement qui se pose avec acuité. Un appel aux dons a été lancé en juin dernier par la France en direction de l’Union européenne, mais aucun pays n’a jusqu’ici voulu y contribuer.
R. M.
Comment (36)