Le Nobel de la paix à la campagne antinucléaire ICAN
Par Sadek Sahraoui – Le prix Nobel de la paix a récompensé ce vendredi la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) pour ses efforts contre ces armes de destruction massive. «Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps», a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. «Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord», a-t-elle ajouté.
Coalition mondiale d’ONG, l’ICAN a poussé à l’adoption d’un traité historique d’interdiction de l’arme atomique, signé par 122 pays en juillet mais d’une portée essentiellement symbolique en l’absence des 9 puissances nucléaires. L’ICAN a eu le mérite d’«attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques induites par tout recours aux armes nucléaires et pour ses efforts déterminants en vue d’obtenir un traité d’interdiction de ces armes», a expliqué Berit Reiss-Andersen.
La présidente du comité norvégien a, par ailleurs, appelé les puissances nucléaires à entamer des «négociations sérieuses» en vue d’éliminer leur arsenal. «Le Comité Nobel tient à souligner que les prochaines étapes vers la réalisation d’un monde sans armes nucléaires doivent impliquer les Etats dotés de l’arme nucléaire. Cette année, le prix de la Paix est donc également un appel lancé à ces Etats pour qu’ils engagent des négociations sérieuses en vue de la disparition progressive, équilibrée et soigneusement contrôlée de près de 15 000 armes nucléaires dans le monde», a-t-elle dit. Cinq des Etats qui possèdent actuellement des armes nucléaires – les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine – se sont déjà engagés à atteindre cet objectif en adhérant au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1970, a souligné Berit Reiss-Andersen.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est félicité aussi de l’attribution du Nobel de la paix à l’ICAN. «Maintenant plus que jamais nous avons besoin d’un monde sans armes nucléaires», a déclaré le chef de l’ONU sur Twitter. Ce prix Nobel de la paix vient récompenser les efforts antinucléaires au moment où le président américain, Donald Trump, menace de remettre en cause l’accord historique sur le nucléaire iranien de 2015 et est engagé dans une «escalade verbale» avec le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, sur la question de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Pour l’ICAN, la présidence de Donald Trump «met en lumière» le risque nucléaire dans le monde. «L’élection du président Donald Trump a mis beaucoup de gens très mal à l’aise à l’idée qu’il puisse, à lui seul, autoriser l’utilisation des armes nucléaires», a déclaré la directrice de l’ICAN, Beatrice Fihn, lors d’une conférence de presse à Genève.
La Suédoise a également critiqué le fait que le nouvel occupant de la Maison-Blanche avait montré qu’il «n’écoute pas» toujours les experts. «Si vous êtes mal à l’aise avec l’idée que Donald Trump puisse avoir des armes nucléaires (…), alors vous devez vous sentir mal à l’aise avec l’idée même des armes nucléaires», a-t-elle dit. Elle a également souligné que les «armes nucléaires n’apportent pas la sécurité et la stabilité», notant que les gens aux Etats-Unis, au Japon et en Corée du Nord «ne se sentaient pas particulièrement en sécurité». «Aucun pays sérieux en matière de principes humanitaires ne devrait poursuivre de telles activités» nucléaires, a-t-elle insisté, appelant au dialogue les parties en conflit sur les questions nucléaires.
S. S.
Comment (3)