Devoir de mémoire
Par Kamel Moulfi – La diffusion par la télévision publique, le 29 septembre dernier, à l’occasion du douzième anniversaire de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, d’un documentaire sur les atrocités commises par le terrorisme en Algérie, a sonné incidemment le réveil d’une catégorie d’individus – certainement une minorité dans notre pays – qui ne veulent pas que la mémoire des Algériens conserve le souvenir de cette période cauchemardesque dans laquelle ils ont vécu durant plus d’une décennie. Le documentaire d’une demi-heure environ, qui s’intitule «Pour que nul n’oublie», a parfaitement justifié son titre puisqu’il a révélé en effet que ce n’était pas l’avis de cette minorité.
Ceux qui ont dénigré l’initiative de la télévision publique n’ont pas été convaincus par l’intervention du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a défendu la diffusion du documentaire et a même remercié les responsables de la télévision publique pour l’avoir programmé. Pour justifier l’opportunité de cette émission, Ouyahia a invoqué à la fois la nécessité de rendre hommage aux victimes du terrorisme et le rappel à ceux qui auraient pu oublier cette réalité ou seraient tentés de le faire. En fait, ce devoir de mémoire n’est pas du goût de certains de nos concitoyens qui seraient capables, un jour, de nier tous ces crimes commis contre le peuple algérien.
Une autre catégorie d’Algériens a malheureusement fait dans la confusion totale, en prêtant à la télévision publique des intentions politiciennes visant à faire diversion sur les difficultés actuelles que traverse le pays et à faire peur à la population pour la dissuader de toute tentation de contestation et, pire, de changement. La télévision publique doit-elle – pour éviter d’être accusée d’instrumentaliser la décennie du terrorisme au service des buts politiques du pouvoir – ne pas respecter le devoir de mémoire qui dicte de montrer des images qui sont la preuve de ce qu’a enduré l’Algérie pendant que les dirigeants des pays occidentaux donnaient l’impression de fermer les yeux pour ne pas avoir à condamner ces horreurs et leurs auteurs ?
K. M.
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