Fin d’éclipse
Par R. Mahmoudi – C’est en plein débat relancé – notamment par la sortie d’Ahmed Taleb Ibrahimi, Abdennour Ali-Yahia et Rachid Benyelles – sur la faisabilité d’une démarche pouvant déboucher sur le départ du chef de l’Etat pour cause d’«incapacité avérée» de diriger les affaires du pays, que Bouteflika a choisi de «réapparaître» devant les caméras de la télévision, au moment où il recevait le Premier ministre russe, en voyage en Algérie. Il apparaît clair que, pour cette réapparition, la Présidence a préféré jouer sur l’effet de surprise, plutôt que sur l’effet d’annonce, puisque ni la télévision nationale ni l’agence officielle ne s’étaient hasardées à y faire la moindre mention dans leurs précédents comptes-rendus. Ce sont les agences de presse russes qui avaient affirmé, quelques heures à l’avance, la programmation de cette rencontre, mais, du reste, sans préciser le jour, se contentant de dire que celle-ci devait avoir lieu «après la journée de mardi». C’est dire que même les médias russes les plus officiels avaient été pris de court.
Ceci apporte une preuve supplémentaire que la communication présidentielle demeure à la fois très hermétique et très consciencieuse, où rien ne doit filtrer et aucune faille, protocolaire ou télévisuelle, ne doit être tolérée. Les images fuitées par l’ex-Premier ministre français, Manuel Valls, en avril 2016, ont dû servir d’exemple.
Le message de Bouteflika, à travers ce premier entretien avec un dirigeant étranger depuis mars dernier, s’adresse à la fois à l’opinion publique nationale, pour rassurer les Algériens de sa capacité à tenir les rênes du pays, et aux partenaires étrangers, dont les représentations diplomatiques en Algérie viennent souvent écouter l’avis des différents partis politiques.
Il reste maintenant à savoir si cette nouvelle apparition du Président est à même de faire taire ces voix de plus en plus crânées qui adhèrent à l’idée d’accentuer les pressions, y compris par le truchement d’un coup de force, pour le pousser à quitter son fauteuil, et de réorienter le débat sur les enjeux économiques. Dans l’attente d’une nouvelle éclipse ?
R. M.
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