Ould Salek : «En soutenant le Maroc, la France déstabilise le Maghreb»
Par Sadek Sahraoui – Pour les dirigeants du Front Polisario, le principal obstacle au règlement du conflit du Sahara Occidental a pour nom la France.
Lors d’une conférence de presse animée ce matin à Alger, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohammed Salem Ould Salek, a rappelé un à un tous les coups tordus mené par le Quai d’Orsay au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU durant ces 40 dernières années pour empêcher le déroulement d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental et la prise en charge par la Minurso de la surveillance de la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés illégalement par le Maroc.
Le chef de la diplomatie sahraouie dit ne pas comprendre pourquoi la France investit toutes ses forces dans la stabilisation de l’Afrique de l’Ouest et le respect des frontières qu’elle a elle-même tracé dans cette région et s’échine en même temps à saper la stabilité du Maghreb.
Mohamed Salem Ould Salek accuse également Paris de pousser le Maroc à ne pas respecter ses engagements internationaux. «En adoptant une telle politique, la France pousse les pays de la région à la confrontation et plonge le Maghreb dans une instabilité chronique», a soutenu le chef de la diplomatie sahraouie, qui ajoute que Paris s’emploie depuis toutes ces années à bloquer le règlement de la question sahraouie depuis l’intérieur même du Conseil de sécurité de l’ONU et à tout faire pour que la Minurso ne s’acquitte pas de sa mission. Mission qui consiste essentiellement à organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental occupé.
Le responsable sahraoui rappelle que c’est la France qui, depuis le début du conflit, a armé, conseillé et soutenu politiquement et financièrement le Maroc dans son ignoble entreprise coloniale. Mohamed Salem Ould Salek s’est dit convaincu que «la France s’oppose à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental car elle sait pertinemment en faveur de qui iront les suffrages qui s’exprimeront». Il a accusé également le gouvernement français de tout tenter actuellement pour empêcher l’application de la décision de la Cour européenne de justice, qui stipule clairement que les accords conclus entre Bruxelles et Rabat ne s’appliquent pas au Sahara Occidental, qui est un territoire indépendant du Maroc. La France, ajoute-t-il, mène actuellement un travail de coulisses pour essayer d’exclure la délégation sahraouie du Sommet UE-UA, dont les travaux doivent avoir lieu en novembre prochain en Côte d’Ivoire.
Paris veut semble-t-il aussi torpiller l’événement. Cela fait d’ailleurs dire à Mohamed Salem Ould Salek que dans le cas du conflit du Sahara Occidental, le principal centre de décision se trouve non pas à Rabat, mais plutôt à l’Elysée. Pour lui, la situation n’évoluera pas tant que la France continuera à violer la légalité internationale.
Le chef de la diplomatie sahraouie a indiqué que le nouvel envoyé personnel du secrétaire de l’ONU au Sahara Occidental, Horst Köhler, qui doit effectuer une tournée dans la région la semaine prochaine prendra très vite de conscience de cette réalité, à savoir que le principal facteur de blocage est la France. A l’occasion, Mohamed Salem Ould Salek a réitéré la volonté des dirigeants sahraouis de coopérer pleinement avec l’ONU et la Minurso pour la décolonisation du Sahara Occidental sur la base de l’accord signé en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc.
S. S.
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