Surveillance des élections locales : à quoi joue Abdelouahab Derbal ?
Par Hani Abdi – Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, multiplie depuis quelques jours les déclarations dans la presse nationale peu rassurantes sur les capacités de l’instance qu’il dirige à garantir des élections locales «propres». De l’assainissement du fichier électoral aux rejets massifs de listes de candidatures pour des motifs non spécifiés dans la loi électorale, en passant par le manque de neutralité de l’administration, Abdelouaheb Derbal appelle à une révision «urgente» de certains textes de lois pour que son instance puisse jouer son rôle et assumer la mission pour laquelle elle a été instituée, à savoir veiller à la régularité des scrutins, en tous points de vue.
Ainsi, après avoir admis que l’assainissement total du fichier électoral nécessite encore plus de temps, le président de la HIISE fait état tout simplement de l’incapacité physique de son instance à apporter les vérifications des fichiers électoraux à travers les 1 541 communes. Aujourd’hui, sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne, Abdelouahab Derbal avoue que la réalité est beaucoup plus complexe qu’on le pense. A l’épreuve du terrain, la HIISE a vite donc constaté ses limites. Des limites qui sont, selon lui, à la fois juridiques et matérielles. A titre d’exemple, l’instance que dirige Abdelouahab Derbal est composée de 410 membres et il y a 1 541 fichiers électoraux qui nécessitent vérification. La HIISE n’a pas la source humaine pour ce faire. D’où donc la nécessité, estime cette instance, de travailler pour un fichier électoral national. Mais ce n’est pas demain la veille.
Le ministère de l’Intérieur ne semble pas prêt «techniquement» à effectuer ce travail. L’instance de Derbal a rencontré beaucoup de problèmes et les difficultés éprouvées à bien surveiller les élections législatives persistent encore. Le plus urgent, pour Abdelouahab Derbal, «c’est de comprendre que l’organisation des élections est un travail collectif et les devoirs et les obligations sont partagés par toutes les parties, à savoir l’administration, les partis politiques, la presse et l’instance». Mais pour cet ancien député du parti islamiste Ennahda, «il faut revoir les lois», qui ont des retombées politiques, dans leur ensemble pour plus d’harmonisation afin de lever les obstacles que rencontre son instance à accomplir sa mission.
En insistant sur l’incapacité de son instance, à l’heure actuelle, de mener comme il se doit sa mission, Abdelouahab Derbal est en train d’attiser les soupçons de fraude, déjà fortement présents dans l’esprit des Algériens, lui qui est censé, à travers son instance, être la digue contre tout dépassement ou irrégularité qui pourrait entacher les élections locales du 23 novembre. A quoi donc joue Abdelouaheb Derbal ? Il est à rappeler qu’il a été épinglé par les observateurs de l’Union européenne pour sa «proximité très visible» avec le ministre de l’Intérieur, lui qui dirige une instance censée être indépendante.
H. A.
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