Nucléaire iranien : Trump veut mettre le feu au Moyen-Orient
Par Sadek Sahraoui – Donald Trump a annoncé ce vendredi qu’il refusait de certifier l’accord international sur le nucléaire iranien, le dénonçant comme «l’un des pires» qui soit. Avec cet accord, «nous avons obtenu de faibles inspections en échange de rien de plus que de repousser, purement à court terme et temporairement, l’avancée de l’Iran vers l’arme nucléaire. Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire pour une courte période ? Ceci est inacceptable pour le Président des Etats-Unis», a-t-il déclaré depuis la Maison-Blanche.
Donald Trump a martelé que Téhéran ne respectait pas l’«esprit» de cet accord, passé en juillet 2015 par l’Iran et le Groupe des Six. «L’Iran est gouverné par un régime fanatique» et est «l’un des principaux soutiens au terrorisme» dans le monde, a-t-il taxé. Le régime dirigé par Hassan Rohani «sème la mort, la destruction et le chaos à travers le monde», et «l’agression de la dictature iranienne se poursuit à ce jour», a-t-il poursuivi.
Avec cette décision, le Président américain prend le risque de mettre le feu dans un Moyen-Orient déjà bouillonnant. Une remarque cependant : le magnat de l’immobilier ne pas va jusqu’à «déchirer» l’accord international, comme il l’avait promis en campagne. Depuis son entrée en fonction, Donald Trump a accepté de certifier à deux reprises cet accord, une démarche obligatoire par laquelle le Président américain informe tous les quatre-vingt-dix jours le Congrès du respect par l’Iran des engagements pris sur le contrôle de son programme nucléaire. Cette «non-certification» envoie désormais la balle dans le camp du pouvoir législatif américain : les parlementaires ont soixante jours pour décider de ré-imposer, ou non, les sanctions levées depuis 2015.
Un retour des sanctions signerait clairement la mort de cet accord âprement négocié. Mais d’autres scénarios sont possibles, d’autant que plusieurs membres de l’administration Trump, au premier rang desquels le général Jim Mattis, chef du Pentagone, ont affirmé que le texte était dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis.
Une chose est certaine, cette décision a scandalisé le monde entier. Paris, Berlin et Londres ont déclaré rester «engagés» dans l’accord sur le nucléaire iranien. «Nous restons engagés dans le JCPOA (acronyme du texte) et sa pleine application par toutes les parties», selon un communiqué conjoint de la Première ministre britannique, Theresa May, de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président français, Emmanuel Macron. «Nous ne pouvons pas nous permettre en tant que communauté internationale de démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses», a affirmé Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, quelques minutes après des déclarations du Président américain, annonçant qu’il refusait de certifier cet accord.
Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé, de son côté, la stratégie annoncée par le Président américain à l’égard de l’Iran. Il l’a la qualifiée de «rhétorique agressive et menaçante», soulignant que l’accord avec Téhéran sur le nucléaire restait intact. Ryad a, en revanche, salué les propos de Donald Trump.
Le ministère russe a estimé dans un communiqué que la décision de Trump de refuser de «certifier» l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien «n’allait pas avoir d’impact direct sur la mise en œuvre» du texte, mais était «un élément du débat intérieur» aux Etats-Unis. Il n’y a qu’Israël et l’Arabie Saoudite qui ont applaudi la décision de Trump…
S. S.
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