Et la parole fut !
Par Abdelaziz Ghedia – Mon dernier message sur Facebook était le suivant : «Quand on n’a rien à dire, le mieux qu’on puisse faire est de se taire.» Certains pensent que le silence en pareille situation vaut de l’or. Car, dans ce post, il est bien évident que l’idée exprimée entre les lignes est en rapport direct avec ce qui se passe actuellement sur la scène politique nationale. Et, le moins qu’on puisse dire, est que la scène politique nationale connaît, ces derniers jours, une certaine effervescence. Il y a comme une sorte de forcing de ceux qui, prenant subitement conscience de la dérive quasi totalitaire du pouvoir qui veut imposer encore le président Abdelaziz Bouteflika en 2019 pour un cinquième mandat, malgré sa condition physique, se mettent à écrire dans les journaux et leurs pages Facebook pour sensibiliser le peuple sur le danger si une telle éventualité venait à se produire.
Le premier homme politique qui s’est jeté dans le bain ou plutôt dans l’arène politique et qui mérite, de ce fait, tous nos respects n’est autre que le chef de file de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui a appelé à maintes reprises à ce que l’article 102 soit appliqué par le Conseil constitutionnel. Il est suivi ensuite (mais avec un style différent) par un autre homme politique, Noureddine Boukrouh. Ce dernier est connu d’ailleurs pour ses écrits très virulents à l’égard du système et pleins d’anecdotes en même temps. Le hic que certains observateurs ou commentateurs de la scène politique nationale n’ont pas manqué de relever d’emblée, c’est que celui-ci a déjà fait partie du système qu’il condamne aujourd’hui avec force. Sans pitié même. La question que d’aucuns se posent déjà est : «Peut-on lui faire confiance et prendre ses conseils pour de l’argent comptant ? Ne représente-t-il pas la tête pensante d’un autre clan qui veut s’emparer du pouvoir ? Et qui prouve qu’une fois au pouvoir, celui-ci, ce clan, ne se comportera pas comme ceux qu’il essaye, aujourd’hui, de forcer à partir ?»
Ainsi donc, comme on le voit, il y a de nombreuses questions qui triturent les méninges et hantent l’esprit des Algériens et des Algériennes, surtout de ceux et de celles ayant vécu les années noires du terrorisme. On a peur de bouger. On a peur de se révolter contre l’ordre établi… On a toujours à l’esprit qu’une révolte même pacifique peut facilement dégénérer et aboutir à une révolution dont le cours sera difficile à maîtriser. Le pouvoir n’ignore pas cela. En plus, il fait sciemment entretenir la confusion entre peur et stabilité. Il y a stabilité parce que les gens ont peur. Ils sont tétanisés. Ni plus ni moins.
La peur des lendemains incertains fait que les Algériens s’accommodent de ce système même si tout un chacun le condamne en privé. «Le roi est mort, vive le roi» n’est pas dans nos traditions et ne semble pas du tout inquiéter ce système qui a encore de beaux jours devant lui. A moins d’une prise de conscience collective de dernière minute sous les coups de boutoir des Boukrouh, Soufiane Djilali et le trio de vieux routiers de la politique dont la dernière sortie médiatique a été une surprise pour beaucoup d’Algériens.
Ces évènements ont fait que je rompe le silence. Que je dise ce que j’avais à dire. Et la parole fut.
A. G.
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