Guerre froide
Par Sadek Sahraoui – Il ne faut pas avoir peur de le dire, l’Afrique est en guerre contre la France. Majoritairement froides, les nouvelles guerres imposées par Paris aux Africains présentent toutes la caractéristique d’être menées par des sous-traitants locaux. En Afrique du Nord, tout le monde sait que c’est le Maroc qui sert de tête de pont aux intérêts français et exécute avec discipline et obéissance les ordres envoyés depuis l’Elysée.
En faisant frontalement obstacle au règlement du conflit sahraoui, la France cherche clairement, par exemple, à maintenir le Maghreb dans une forme d’instabilité chronique afin de pouvoir continuer à tirer les ficelles et à dicter ses règles du jeu. Même si l’Algérie n’a jamais fait du dossier sahraoui un casus belli, l’action de la France dans la région risque à la longue d’être perçue comme une agression. Il est, d’ailleurs, étonnant que l’Etat algérien ait fait preuve d’une aussi grande patience, dans la mesure où les provocations remontent aux années 1970. Et n’ont pas cessé depuis.
Car, là aussi, il ne faut pas tourner autour du pot : le soutien clairement affiché par la France au Maroc dans le cas précis du conflit sahraoui n’est rien d’autre qu’une agression portée à l’encontre de l’Union africaine et de l’Algérie qui ont investi depuis les années 1970 des efforts et des moyens incalculables pour mettre fin au calvaire du peuple sahraoui et décoloniser l’Afrique. C’est l’implacable loi de la transitivité. Et là, la France n’œuvre rien de moins qu’à substituer un colonialisme par un autre. L’entêtement de la France à vouloir imposer à n’importe quel prix son agenda géopolitique risque de mettre le feu à une région déjà hautement inflammable.
Les Sahraouis, surtout parmi les plus jeunes d’entre eux, s’impatientent. S’ils ne voient pas une perspective de paix pointer son nez à l’horizon à brève échéance, il n’est pas certain que l’Algérie et la communauté internationale parviendront à les convaincre de rester accrochés bien sagement au combat pacifique et diplomatique. Beaucoup sont déjà persuadés que la libération du Sahara Occidental occupé ne peut se faire que par la voie des armes. Si la région venait véritablement à replonger dans la guerre, le premier responsable en serait bien sûr l’Etat français. Et dans le cas d’un embrasement général, la France peut être sûre qu’elle ne sera pas elle aussi épargnée par ce que ses propres spécialistes appellent les dommages collatéraux.
S. S.
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