Quand Sarkozy est rattrapé par les millions d’euros de Mouammar Kadhafi
Par Houari Achouri – En publiant leur livre, Avec les compliments du Guide, qui sortira ce mercredi 18 octobre, consacré au financement par Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, deux journalistes de Mediapart, Fabrice Arfi et Karl Laske, ont forcé l’ex-président français à revenir dans l’actualité et ont contribué à remuer tout le fatras d’affaires dans lesquelles il est impliqué. Ceux qui ont parcouru le livre en sortent avec la conviction que le Guide libyen a bien financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Les deux auteurs ont passé six années à enquêter pour fournir un dossier très bien argumenté et, affirme-t-on, effrayant. Tous ceux qui ont suivi les péripéties du drame libyen en 2011 qui a conduit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi se souviennent de sa fameuse affirmation sur un ton péremptoire à la télévision : «C’est moi qui ai aidé Sarkozy à prendre le pouvoir. Je lui ai donné de l’argent avant qu’il ne devienne Président.» On se souvient aussi de la déclaration de son fils Seif El-Islam, quelques jours avant son arrestation, relayée par Euronews et lancée comme un défi: «Tout d’abord, il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale.»
Les deux journalistes ont remonté la piste, depuis l’annonce par l’agence officielle libyenne Jana, le 10 mars 2011, de la révélation d’un secret qui «va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale» à cette confirmation par Mouammar Kadhafi lui-même à une journaliste du Figaro : «Nous lui avons donné le financement nécessaire pour qu’il puisse gagner les élections chez lui.» Des millions d’euros ont ainsi été envoyés, via des émissaires, à Nicolas Sarkozy, selon les deux journalistes, qui rapportent des déclarations de témoins de ces transactions financières.
Des médias français sont revenus sur les affaires de justice qui accablent Sarkozy, notamment celle dite des «écoutes» pour laquelle le parquet national financier français vient de demander le renvoi en correctionnelle de l’ancien président. Ces médias rappellent notamment que Sarkozy est «accusé d’avoir dépassé de plus de 20 millions la limite des dépenses autorisées pour la campagne électorale de 2012» et que «certaines prestations auraient été surfacturées à son parti par la société d’événementiel Bygmalion». Dans l’affaire des «écoutes», rappelle-t-on de même source, «Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour ‘‘trafic d’influence’’, ‘‘corruption’’ et ‘‘recel de violation du secret professionnel’’».
Dans ses rapports avec les pays du Maghreb, Sarkozy s’est fait remarquer par la permanence de ses attaques contre l’Algérie. Comme cette déclaration, en juillet 2015, à Tunis, quand il a dit aux Tunisiens qu’ils n’avaient «pas choisi (leur) emplacement» géographique entre l’Algérie, qui a souffert de l’intégrisme dans les années 1990, et la Libye, actuellement en proie au chaos. Les médias algériens avaient vivement critiqué ces propos, également jugés «malvenus» par les autorités. Ce n’était pas la seule fois où l’ex-président français a tenu des propos malveillants à l’égard de l’Algérie.
H. A.
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