Qui est derrière l’article alarmiste de Jeune Afrique sur Sonatrach ?
Selon Jeune Afrique (17 octobre 2017) «en petit comité, Abdelmoumen Ould-Kaddour, le PDG de Sonatrach, s’est récemment laissé aller à des confidences plutôt inquiétantes sur la situation du groupe qu’il dirige depuis mars». En quelques lignes placées sur son site, cet hebdomadaire, qui se présente comme le premier magazine panafricain, décrit une situation de Sonatrach qui serait catastrophique et donc de nature à inquiéter ses partenaires étrangers et même les «locaux», en raison, affirme son journaliste, de la baisse de sa production en pétrole et en gaz.
L’alarmisme de Jeune Afrique est visiblement destiné à semer la panique chez tout le monde. Serait-il commandé pour nuire aussi bien au grand groupe algérien qu’à l’Algérie elle-même ? Qu’en est-il au juste ? Il suffit de se rapporter aux propos publics et officiels des dirigeants qui ont en charge la gestion de ce groupe et plus largement du secteur de l’Energie en Algérie. D’abord, ils sont conscients que la situation de Sonatrach, notamment au plan de la production, n’est pas des meilleures, et ils ne le cachent pas.
Hier, à Londres, le PDG de Sonatrach a évoqué le fait que sa production de gaz est en déclin et que sa consommation nationale évolue avec un taux de croissance annuelle de 6%. Il l’a dit publiquement devant des partenaires étrangers puisqu’il s’agit de son intervention à la conférence «Oil and Money», coorganisée par le New York Times et Energy Intelligence, qui regroupe, du 17 au 19 octobre 2017, comme chaque année, à Londres, les dirigeants de grandes compagnies pétrolières et gazières du monde entier.
Il a également fait part de la nouvelle stratégie d’exportation de gaz de Sonatrach, consistant à mettre en place des joint-ventures avec des compagnies de commercialisation dans le but de vendre son gaz, avec une prise de risque «ensemble». Abdelmoumen Ould-Kaddour a saisi cette occasion pour indiquer que les nouveaux accords avec les entreprises ne seront pas indexés sur les prix du pétrole et ne porteront pas sur le long terme, estimant que «les contrats à long terme et l’indexation sur le pétrole ne sont plus de mise».
Il y a une semaine, Abdelmoumen Ould-Kaddour intervenait lors d’un séminaire-brainstorming de Sonatrach, et ce qu’il a dit a eu une large couverture médiatique. Le constat critique qu’il a fait n’avait rien de confidentiel : entre autres, absence d’une stratégie à long terme (c’est le «problème fondamental», a-t-il précisé), absence d’un système d’information et de communication, impréparation au scénario de la baisse drastique des cours de brut. En même temps, le PDG de ce grand groupe public a noté les points positifs, en particulier dans le domaine décisif des ressources humaines, avec la «très bonne formation» des jeunes cadres et techniciens dont il faut, tout juste, libérer les initiatives.
En matière de production de carburants, il était tout récemment en visite d’inspection et de travail sur le chantier de rénovation de la raffinerie d’Alger, située à Baraki, dont «les travaux avancent bien», a-t-il noté. Opérationnelle début 2018, elle aura une capacité de production en gasoil de 1,18 million de tonnes/an, et une capacité de production d’essence de 1,3 million de tonnes/an de GPL de 270 000 t/an. De quoi rassurer les lecteurs de Jeune Afrique.
H. A.
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