Sanctifié ou crucifié ?
Par R. Mahmoudi – Il y a quelque chose de malsain dans cet accueil féerique qui a été réservé à Alger au chanteur Idir suite à son annonce de revenir chanter en Algérie après une absence de près de quarante ans. On peut admettre que des gens, au pouvoir ou ailleurs, soient si impatients de voir l’effet magique de cette apparition, et même de faire jouer à leur hôte un rôle politique précis, notamment contre le mouvement séparatiste. C’est, dirions-nous, de bonne guerre ! Après le succès de la promotion de Lounis Aït Menguellet (à Béjaïa, puis à Tizi Ouzou), la route semblait balisée !
Mais il y a sans doute d’autres moyens de le faire qui sont plus efficaces. Parce que le faire inviter et l’exhiber comme un trophée dans un exercice mi-jubilatoire, mi-crucifiant qu’on a vu, risque de produire l’effet inverse.
C’est ce qui ressort déjà d’une vague de commentaires sur les réseaux sociaux qui cèdent facilement, comme c’est le cas toujours dans ce type d’événements, à des ressentiments mécaniques qui donnent du grain à moudre aux semeurs de la discorde. Les organisateurs de cet événement auraient pu faire économie d’une nouvelle polémique stérile, en faisant tout cela dans un cadre plus populaire, ou disons plus sincère, qui pût à la fois garantir l’impact politique et psychologique recherché, et préserver la dignité de l’homme qui, certainement, ne connaît pas la psychologie des Algériens d’aujourd’hui, et n’est pas porté visiblement par les jeux politiciens qui rôdent autour de tout ce qui se fait.
Qui a intérêt à voir une grande icône de la chanson et de la culture algérienne comme Idir jeté à la vindicte populaire, exposé aux discours de la haine, au moment où lui-même vient retrouver son public et son peuple et leur apporter son amour ? C’est triste.
R. M.
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