Prémices d’une guerre civile au Kurdistan et en Catalogne : l’aventure séparatiste fait long feu
Par R. Mahmoudi – Un mois après avoir organisé, presqu’en même temps, leur référendum d’indépendance, le Kurdistan irakien et la Catalogne ont vécu, dimanche, la fin de leur aventure. La démission anticipée du président du Kurdistan, Massoud Barzani, et l’annonce de la mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid, le même jour, scellent un destin commun désormais… Plus grave encore, cet échec patent risque de plonger les deux régions dans le chaos, alors qu’un retour à la situation antérieure paraît quasi impossible vu l’intransigeance des protagonistes de la crise.
Ainsi, au Kurdistan irakien, l’indéboulonnable président Massoud Barzani a non seulement reconnu son échec, en annonçant sa décision de ne pas se présenter pour un nouveau mandat mais a surtout semé, dans le même discours, les germes d’une guerre fratricide avec le parti rival, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) du défunt Jalal Talabani. Il a dénoncé une «haute trahison nationale le 16 octobre», faisant référence, sans les nommer, aux dirigeants du parti rival dont les combattants s’étaient retirés, le 16 octobre, sans combat de la riche province pétrolière de Kirkouk face à l’armée fédérale irakienne.
Aussitôt après ce discours, des dizaines de partisans de Barzani, dont la majorité était armée, ont essayé d’investir le Parlement pour exprimer leur soutien à leur président et s’en prendre, en même temps, à un député de l’opposition qui avait accusé, dans la même journée, le président Barzani et sa milice (les Peshmergas) d’avoir «déserté le champ de bataille» face aux forces irakiennes. Les tensions ne font que reprendre entre ces deux partis dont la rivalité remonte à plus de cinquante ans.
Dans ce dernier discours, Barzani est revenu, en outre, sur le soutien international sur lequel il comptait, en organisant le 25 septembre le référendum d’indépendance du Kurdistan, contre l’avis de tous et en premier lieu de Bagdad. «Nous ne pensions pas que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas à une attaque féroce contre le peuple kurde», a-t-il affirmé. «Seules nos montagnes étaient avec nous !» a-t-il conclu sur un ton amer.
Même confusion aujourd’hui en En Espagne. Une semaine après avoir déclaré sa volonté de mettre la Catalogne sous tutelle, contre l’avis des indépendantistes et sans même attendre les réactions internationales, Madrid est vite passé aux actes. La décision est prise à compter de ce lundi, Madrid doit gérer les affaires de la région. Les dirigeants indépendantistes démis ont, aussitôt, annoncé une «opposition démocratique», alors que l’indépendance de la Catalogne a été officiellement proclamée vendredi dernier.
Or, jusqu’à samedi, le président non reconnu de la Catalogne, Puigdemont, se disait déterminé à défendre le principe d’indépendance, vaille que vaille, tout en laissant le choix au Parlement de décider de la suite. Lors d’une allocution télévisée diffusée samedi, il l’avait clairement annoncé : «Les citoyens de notre pays savent parfaitement que dans une société démocratique, ce sont les Parlements qui choisissent et qui destituent les présidents.»
Entretemps, la manifestation pour l’union de l’Espagne qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes à Barcelone a montré, tout d’un coup, un autre visage de cette région qui veut se séparer du reste du pays, celui d’une région et d’un pays profondément divisés.
R. M.
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