Crânes des résistants algériens : «Les négociations suspendues à la volonté de la France»
Par Hani Abdi – Le dossier relatif au rapatriement des crânes des chefs de la révolte des Zaâtcha n’est pas délaissé par l’Algérie. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, assure dans un entretien accordé au journal El-Moudjahid, que son département coordonne ses efforts avec le ministère des Affaires étrangères pour aboutir à leur rapatriement.
«Les négociations sur le dossier de la restitution des crânes des martyrs de la résistance populaire, suspendues à la volonté de la partie française, ont été retardées en raison de l’élection présidentielle française», a déclaré le ministre des Moudjahidine. «Mais, a-t-il enchaîné, nous travaillons en coordination avec le ministère des Affaires étrangères pour relancer la commission chargée du suivi et de l’examen de ce dossier.» M. Zitouni avait déjà affirmé en janvier dernier que son département poursuivait ses efforts pour la restitution des crânes de martyrs algériens : «Nous œuvrons actuellement en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères pour une prise en charge optimale de cette question dont l’histoire remonte à plus d’un siècle.»
Du côté français, on se montrait très prudent. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères s’était contenté de rappeler sa déclaration du 30 septembre 2016, selon laquelle il y avait «un dialogue étroit avec les autorités algériennes sur toutes les questions de mémoire» et que cette question des crânes s’inscrivait dans ce dialogue. Il avait également fait référence à la loi du 18 mai 2010 sur la restitution selon laquelle qu’il doit y avoir une demande officielle de restitution de la part des autorités algériennes, préalable à un travail scientifique d’identification sur les demandes formulées. «C’est dans ce cadre qu’ont lieu les échanges au sujet des restes de combattants algériens tués pendant la conquête de l’Algérie et conservés au musée de l’Homme à Paris», avait-il affirmé, en précisant que ce travail se fait dans un climat de confiance avec les autorités algériennes.
Interrogé il y a quelques mois sur le sujet, Ahmed Ouyahia, en sa qualité de secrétaire général du RND, avait dit qu’il était «préférable» que ces crânes restent en France pour «servir la mémoire de l’Algérie sur place». Des propos qui avaient été interprétés comme un manque de volonté des gouvernants de «récupérer» ces crânes.
Aujourd’hui, les habitants des Ziban veulent le rapatriement des crânes de leurs héros comme Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla ou encore Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas dans la région de Biskra, en 1849.
H. A.
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