Un magazine britannique alerte : «L’islamisme s’intensifie en Algérie»
Par R. Mahmoudi – Brossant un état des lieux de la laïcité dans le monde arabe, la revue hebdomadaire britannique The Economist a estimé que l’Algérie fait partie de trois ou quatre pays arabes, dont la Jordanie et la Palestine, où la société affiche une sympathie grandissante avec la charia et où l’islamisme connaît un «rebond» comparé à d’autres pays de la région qui ont enclenché un processus de sécularisation «à pas forcé».
Dans cette radioscopie parue dans sa dernière édition, la revue londonienne note que tous les régimes arabes ayant pris l’initiative de limiter l’influence du pouvoir religieux comme l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ou l’Egypte le font pour «renforcer leur autoritarisme». L’auteur considère que les souverains de ces pays cherchent à reproduire le modèle de Mustapha Kemal Atatürk qui a imposé la laïcité dans son pays, la Turquie, et a interdit tous les aspects culturels et vestimentaires de l’empire ottoman, mais n’y a pas imprimé une dynamique démocratique.
Revenant sur la série de mesures prises ces derniers mois par le prince héritier d’Arabie Saoudite en faveur d’une large libéralisation des mœurs et de l’ouverture sur le monde à travers le lancement du projet de construction d’une zone libre comparable à Dubaï, l’auteur de l’analyse juge cette tendance «factice», étant donné qu’elle n’est pas accompagnée d’autres mesures permettant aux citoyens d’accéder aux droits fondamentaux, politiques et civiques dont, notamment, celui d’une représentation effective.
Pour l’auteur, il ne faut pas espérer que le régime saoudien «se démocratisera» un jour. Même constat en Egypte, où le régime d’Abdelfattah Al-Sissi combat toute forme d’extrémisme et où des sondages récents montrent que seuls 34% des jeunes soutiennent l’idée d’application de la Charia contre 84% en 2011, date du déclenchement des soulèvements du «printemps arabe». Aussi d’autres sondages réalisés à la même période enregistrent-ils un net recul du taux de pratiquants dans ce pays.
Se référant à Michael Robinson, qui dirige l’institut de recherche Arab Barometer, The Economist arrive à la conclusion que, dans le monde arabe, «c’est la société qui pousse au changement» et que les dirigeants de ces pays commencent à l’admettre et y entrevoient même leur salut. Car, après avoir essayé un moment de coopérer avec les islamistes, ils les voient désormais comme un «danger qui menace leur pouvoir».
R. M.
Comment (45)