Le PLF 2018 ouvre la voie à la réalisation d’une croissance économique de 7% à l’horizon 2030
Le projet de loi de finances (PLF) 2018 qui affiche, pour la première fois depuis plusieurs années, des dépenses d’équipement supérieures aux dépenses de fonctionnement est à même de favoriser, à moyen terme, une hausse de la croissance économique à 2 ou 3% et ouvre la voie à la réalisation de l’objectif de 7% de croissance à l’horizon 2030, selon le professeur d’économie à l’Université d’Alger, Kamel Rezig.
Lors d’une Journée d’étude organisée sur le PLF 2018 par le groupe parlementaire de Tajamou Amel Al-Djazair (TAJ) au siège du parti, Rezig a salué les nombreux «points positifs» contenus dans le texte, notamment «un budget d’équipement dépassant celui de fonctionnement pour la première fois depuis plusieurs années». Il a estimé qu’une «erreur stratégique» avait été commise les précédentes années avec un budget de fonctionnement dépassant celui d’équipement en ce sens où, a-t-il dit, «seul le budget d’équipement est à même de faire progresser le taux de croissance».
Pour cet expert, il faudrait continuer à baisser le budget de fonctionnement à l’avenir «sans toucher à la masse salariale qui doit, au contraire, évoluer en fonction du taux d’inflation», a-t-il souligné. Le texte prévoit un budget de fonctionnement de 4 584 milliards de dinars pour l’exercice 2018 contre 4 591,8 milliards de dinars en 2017, soit en baisse de 7 milliards de dinars. Il prévoit 6 521 milliards de dinars de recettes contre près de 8 628 milliards de dinars de dépenses et un déficit global du Trésor de près de 9% du Produit intérieur brut (PIB) contre plus de 14% pour l’exercice 2016.
Dans l’optique de lever le gel sur des réalisations à l’arrêt du fait de difficultés financières et de procéder au règlement des dettes cumulées auprès des entreprises contractantes pour la réalisation ou la fourniture de biens et de services, la loi de finances 2018 enregistre une «hausse exceptionnelle» en termes d’équipement. Les autorisations de programme retenues s’élèvent à 2 270 milliards de dinars (contre 1 397 milliards de dinars pour l’exercice en cours), alors que les crédits de paiements au titre de 2018 s’élèvent à 4043 milliards de dinars (contre 2 291 milliards de dinars pour l’année en cours). Les allocations prévues pour le budget d’équipement couvrent notamment la relance des projets gelés dans les secteurs de l’éducation nationale, de la santé et des ressources en eaux, ainsi qu’un effort plus soutenu en direction du développement local.
Pour cet expert, l’augmentation du budget relatif aux plans de développement communal de 35 milliards de dinars en 2017 à 100 milliards de dinars en 2018 prouve «la détermination du gouvernement à poursuivre le financement des collectivités locales et, partant, les projets de proximité». Au registre des «points positifs», Rezig cite la taxe sur la fortune qui s’inscrit dans le cadre de «la justice fiscale», déplorant le retard dans la mise en place d’un système d’information économique au lieu d’attendre que les personnes viennent déclarer spontanément leurs fortunes. Il a proposé, dans ce sens, la réduction de cette taxe de 3% (comme prévu dans le projet de loi) à 1,5% tout en augmentant le montant minimum imposable de 50 millions de dinars à 200-300 millions DA.
S’agissant du maintien de la subvention sociale en dépit des difficultés financières du pays, l’expert estime que cette démarche a un aspect positif, en ce sens qu’elle sert les couches défavorisées, et un aspect négatif du fait qu’elle bénéficie parfois davantage à des commerçants et même à des industriels. Il a appelé, dans ce contexte, le gouvernement à ouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux dans le but de trouver une formule permettant la libération des prix tout en orientant la subvention directe uniquement vers les couches défavorisées.
Par ailleurs, M. Rezid estime que le PLF 2018 renferme également «des points négatifs», notamment l’introduction d’un impôt de 1% sur les produits importés pour soutenir la Caisse nationale des retraites (CNR). «Nous disposons de trois caisses de retraite, à savoir la CNR, une caisse pour les cadres supérieurs et une autre pour les cadres de l’Armée, et le gouvernement doit traiter les trois caisses de la même manière», a indiqué Rezig, soulignant que c’est le simple citoyen qui supportera les charges du «sauvetage» de la CNR.
R. E.
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