Le plus grand champ pétrolier attaqué : la Libye s’enfonce un peu plus dans le chaos
Par Sadek Sahraoui – Les Libyens ne sont pas sortis de l’auberge. Les attaques contre les installations vitales de la Libye se poursuivent, alors que les luttes pour le leadership s’exacerbent. Le dialogue entre Tripoli et Tobrouk est quant à lui au point mort. Tout cela concourt à instaurer un climat de guerre civile.
Des hommes armés ont attaqué lundi le champ pétrolier de Sharara. «Des hommes armés ont attaqué la station 186 du champ pétrolier de Sharara et agressé le personnel sur le terrain. Un certain nombre d’entre eux ont été battus et volés, mais la raison de l’attaque demeure inconnue», a déclaré un responsable gouvernemental à la presse. «Les forces responsables de la sécurité sur le terrain nous ont dit que les hommes armés ont profité de la faiblesse des mesures de sécurité et du manque de ressources des forces. Ceci dit, le champ pétrolier est toujours opérationnel malgré l’attaque», a ajouté la même source.
Sharara est le plus grand champ pétrolier de Libye, produisant environ 270 000 barils de pétrole brut par jour, soit plus du quart de la production d’hydrocarbures de la Libye, qui a atteint un million de barils par jour en août. Ce champ est géré par la société publique National Oil Corporation en partenariat avec Repsol, Total et OMV. Sharara, située dans le sud de la Libye, a été rouverte en décembre dernier après deux années de fermeture par des gardes d’installations pétrolières.
Cette attaque intervient un jour après la tentative d’assassinat du vice-ministre de l’Intérieur du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), Faraj Kaïm, qui a échappé de peu dimanche à la mort à Benghazi, une ville contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar et l’Armée nationale libyenne (ANL). De 2014 à 2016, M. Kaïm, originaire de l’Est libyen, a combattu justement dans les rangs de l’ANL avant de faire défection. Dans un geste de défi, le chef du GNA avait nommé cet été M. Kaïm comme vice-ministre de l’Intérieur chargé de la région orientale contrôlée par les forces loyales à Haftar. Cette nomination avait reçu le soutien de sa puissante tribu, les Al-Awaguir. Le général Haftar avait réagi en interdisant «toute activité des responsables du GNA dans les zones (…) contrôlées» par l’ANL.
S. S.
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