Tajine français
Par R. Mahmoudi – La désignation d’une écrivaine d’origine marocaine connue pour son total loyalisme au Makhzen comme représentante personnelle du président français, Emmanuel Macron, pour la Francophonie, marque un nouveau pas dans le favoritisme politique français profitant aux seuls Marocains. Une tradition qui continue depuis l’époque de Nicolas Sarkozy avec, à chaque fois, une cohorte de ministres néophytes, souvent femmes et zélées, qui font plus de lobbying que de politique.
Venant de la part d’un président se donnant de lui-même l’image d’un homme de rupture –avec l’ancien système – et de quelqu’un qui voulait instaurer un nouveau climat avec Alger – sa fameuse déclaration sur la colonisation –, ce choix délibéré de nommer Leïla Slimani dans la conjoncture actuelle ne peut que décevoir les Algériens, parce qu’il dénote une volonté claire de maintenir les mêmes schémas en direction des pays du Sud, et notamment du Maghreb, qui constitue le foyer traditionnel de la francophonie. Même si l’Algérie n’adhère pas à cette organisation et ne va jamais le faire, tant qu’elle ne se départit pas de ses relents néocolonialistes. Ce qui est, en réalité, quasiment impossible, puisque c’est sa raison d’être. Il n’y a qu’à voir dans ses résolutions et dans le choix de ses représentants, français, arabes ou africains, pour comprendre que ses objectifs sont tout autres que la promotion de la langue et de la culture françaises.
C’est aussi un choix qui en dit long sur la volonté des Français de maintenir leurs relations privilégiées avec la monarchie marocaine. Il faut dire que le maintien à son poste de Jacques Lang, un affidé du Makhzen, à la tête de l’Institut du Monde arabe (IMA) était déjà un signe révélateur de ce choix pour la continuité et la fidélité. Lang vient, d’ailleurs, de renouveler son allégeance au roi du Maroc dans la pure tradition française. La recette s’appelle le «tajine français».
R. M.
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