L’idée d’un «village du Golfe» : de l’illusion à la vérité
Par Abdullah Martin – Le jeune héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, nous rappelle cette locution française : le prince héritier est un «merle blanc» dans la société ultraconservatrice de l’Arabie Saoudite. Mais ici se pose une question très importante : Mohammed Ben Salman envisage-t-il de faire évoluer la région en faisant des réformes en Arabie Saoudite ? Si nous regardons les actions telles que le développement des relations internationales, l’invitation aux investisseurs étrangers, le plan 2030 et l’achat d’armes, nous trouvons facilement la réponse à cette question dans l’idée d’un «village du Golfe».
Un rapport publié en 2017 par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, un organisme indépendant spécialisé dans les questions de sécurité, révèle que l’Arabie Saoudite a été le premier acheteur d’armes américaines entre 2012 et 2016, celles-ci représentant 13% de l’ensemble des exportations d’armes américaines. Par l’achat d’armes américaines, britanniques, françaises, belges et canadiennes, l’Arabie Saoudite est devenue championne du monde des achats d’armements. En analysant l’achat d’armements, nous nous apercevons que ce royaume, d’une part, met à jour la doctrine militaire défensive et, d’autre part, les Saoudiens sont en train d’augmenter leur puissance offensive.
Les accords militaires d’une valeur de plus de 500 milliards de dollars avec les Etats-Unis, la Belgique, la France, le Canada et la Russie montrent que l’Arabie Saoudite souhaite avoir la main haute sur les pays arabes du Golfe et de l’Afrique du Nord. Le royaume d’Arabie Saoudite a acheté beaucoup d’avions extrêmement puissants, de missiles et d’autres armements. Par ailleurs, ce royaume a acheté aussi beaucoup d’armements tels que plus de 800 véhicules blindés légers pour son armée de terre. Ce dont on parle beaucoup moins, c’est que l’Arabie Saoudite envisage d’avoir la main haute sur le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avec un plan prévoyant et bien concret. Le royaume d’Arabie cherche, en fait, à créer un «village du Golfe». Le village où l’Arabie Saoudite sera le maître et les cheikhs des Emirats arabes unis et du Bahreïn deviendront complices.
Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite cherche sérieusement à régner sur le Golfe. Elle cherche à dominer politiquement et militairement tous les membres du CCG. L’analyse de l’achat d’armements montre qu’en renforçant les capacités de son armée de terre, l’Arabie Saoudite montrera les dents à ceux qui ne seront pas de son côté (précisément les actions des Saoudiens augmenteront la probabilité d’une guerre). Ce jeune prince ambitieux, Mohammed Ben Salman, cherche à garantir la réalisation de ces objectifs dans l’intérêt de ce royaume. Si cette analyse se confirme, il faut dire que l’Arabie Saoudite n’a plus besoin de CCG.
Quand le CCG n’existera plus, alors, le Koweït, Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Bahreïn devraient se considérer elles-mêmes comme les nouvelles provinces du royaume d’Arabie. Ce qui est déjà réalisé au Bahreïn montre l’efficacité de cette idée. L’Egypte, Djibouti, le Soudan et le Pakistan seront aussi la cible de l’idée du «village du Golfe» de Mohamed Ben Salman. Il ne faut pas fermer les yeux sur les pétrodollars saoudiens qui sont l’une des principales raisons pour transformer un pays indépendant en pays dépendant. En supprimant le pétrodollar, il ne restera aucune amitié dans les relations de Riyad avec beaucoup de pays du monde. L’idée du «village du Golfe» incite les Saoudiens à poursuivre leurs efforts dans ce domaine.
A. M.
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