Mensonges sur la vie des migrants subsahariens clandestins en Algérie
Par Houari Achouri – «Depuis quelques mois, Alger a durci sa politique l’égard des migrants subsahariens» : la phrase revient en boucle dans un certain cercle médiatique, avec un cycle court, sous forme tantôt de décryptage, tantôt de reportage, avec les même descriptions, les mêmes répliques et analyses, colportés dans un sens unique et avec un emballage qui cache mal les mensonges que contiennent ces écrits.
On se souvient qu’Ahmed Ouyahia, alors chef de cabinet de la Présidence, a dit crument des migrants qu’ils sont «porteurs de drogues, crimes et autres fléaux» et il a été conforté peu après par notre ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui est allé plus loin en affirmant que les migrants subsahariens constituent une «menace» pour la sécurité de l’Algérie. Les réactions à ces déclarations – certaines de bonne foi, d’autres à l’odeur de Makhzen – ont été immédiates pour exprimer la surprise et le choc provoqués par de telles paroles inhabituelles chez les dirigeants algériens, surtout quand il s’agit d’Africains.
Mais les observateurs qui suivent de près le dossier des migrants en Algérie et le connaissent parfaitement se souviennent – du moins ceux dont la mémoire n’est pas intentionnellement sélective – qu’avant même que les dirigeants algériens disent la vérité sur la réalité de ce phénomène, c’est le ministre nigérien de l’Intérieur lui-même, Massaoudou Hassouni, qui mettait en garde, il y a quelques années, les autorités algériennes et les appelait à être vigilantes parce que, derrière les migrants, il y avait des «réseaux criminels internationaux» qui les exploitaient. On peut constater que les responsables algériens intervenus récemment de la même façon n’ont rien dit de plus.
Mais la paresse aidant, donc sans véritable travail journalistique, certaines publications, comme Jeune Afrique, poussées par leurs de fonds, estiment facile de porter des accusations inscrites dans une campagne anti-algérienne pour plaire au Makhzen et à ceux qui l’inspirent. Ils ne trompent que ceux qui veulent les croire.
La vérité est que le problème de cette nouvelle migration clandestine vers l’Algérie est lié à l’insécurité qui prévaut dans les pays du Sahel, elle-même consécutive au chaos en Libye créé par l’intervention militaire de l’Otan en 2011 et par l’assassinat en octobre de la même année de Mouammar Kadhafi.
La vérité est également que les migrants subsahariens en Algérie ne sont ni maltraités ni considérés comme des esclaves ; certains vivent de mendicité – appelés d’ailleurs «migrants-mendiants», nigériens pour la plupart – d’autres de menus travaux occasionnels. Ils ne sont ni brimés ni exploités, ils travaillent au noir certes, comme beaucoup d’Algériens, mais ils touchent un pécule en contrepartie de leur travail.
La crise de la migration africaine clandestine trouve son origine dans le comportement néocolonial des pays occidentaux, appuyés par l’Otan qui est leur bras militaire. Le pays africain qui refuse de voir ses richesses pillées et résiste est déstabilisé et agressé militairement pour placer des valets dociles au pouvoir. Conséquence : les premiers ingrédients, qui s’installent dans la durée, sont l’insécurité et la misère frappant les couches pauvres de la population qui trouvent leur salut – quelque part, c’est légitime – dans l’émigration vers les pays du Nord d’où est venu le mal qui les accable.
H. A.
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