Ouyahia va-t-il demander au Président un remaniement après les élections ?
Par Karim Bouali – Ahmed Ouyahia a hérité d’une équipe gouvernementale qu’il n’a pas choisie et dont il ne semble pas totalement satisfait. Nommé précipitamment suite au limogeage d’Abdelmadjid Tebboune après deux mois seulement passés à la tête de l’Exécutif, l’actuel Premier ministre dirige un gouvernement dont il a hérité des membres «légués» par son prédécesseur, bien qu’il fût directeur de cabinet de la présidence de la République et que, de ce fait, il ait eu un regard sur la liste soumise au chef de l’Etat pour validation.
La question que se posent nombre d’observateurs est de savoir si Ahmed Ouyahia sollicitera un changement de gouvernement auprès du président de la République ou s’il le maintiendra en l’état jusqu’à l’importante échéance présidentielle de 2019. D’aucuns estiment qu’au regard de la lourde responsabilité qui est échue à l’homme de confiance de Bouteflika dans ce contexte de crise financière, Ouyahia aura besoin de s’appuyer sur des collaborateurs qu’il aura lui-même choisis pour mener à bien la mission titanesque qui consiste à redresser une situation délicate et à revoir de fond en comble la politique économique et sociale adoptée jusqu’à l’effondrement brutal des prix du pétrole.
Ouyahia aura besoin d’avoir les coudées franches pour pouvoir faire passer des lois qui pourraient paraître aux antipodes des promesses faites par le président Bouteflika de maintenir le modèle social intact, en dépit de l’incapacité du pays à garantir les mêmes facilitations accordées aux citoyens grâce à l’embellie financière qui aura accompagné ses trois premiers mandats et qui lui ont permis d’asseoir son pouvoir et de rempiler malgré sa maladie. Il aura besoin également d’une cohésion sans faille au sein de l’Exécutif, d’une synchronisation parfaite des actions à mener et d’une efficacité à toute épreuve de ses ministres qui devront faire montre d’une compétence et d’une réactivité sans lesquelles les efforts visant à sortir le pays de la crise seraient voués à l’échec.
Or, le gouvernement, dans sa composition actuelle, donne des signes de relâchement et de frilosité face à l’envergure du travail qui doit être accompli pour éviter – surtout – une dégradation accentuée et rapide du cadre de vie des Algériens qui pourrait déboucher sur une période d’instabilité. Les moyens de transcender la crise existent, mais les réflexes bureaucratiques et la logique de fuite en avant qui caractérise un certain nombre de responsables annihile tout effort allant dans ce sens.
Deux questions se posent, dès lors : Ouyahia demandera-t-il au Président un remaniement de son gouvernement ? Bouteflika acceptera-t-il de procéder à de nouveaux changements aussi rapprochés, sachant que le rôle de l’Exécutif se limite à exécuter le programme du président de la République ?
K. B.
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