Quand Washington voulait faire de l’Algérie le Pakistan de l’Afrique
Par Sadek Sahraoui – Le site Maghreb Intelligence révèle que les Etats-Unis n’ont ménagé aucun effort pour faire de l’Algérie l’un de leur principal sous-traitant militaire en Afrique. Selon la même source, le projet remonte précisément à Robert S. Ford. «Lorsqu’il était en poste à Alger en 2006, ce diplomate chevronné a procédé à une étude approfondie des services de sécurité algériens et de son institution militaire. Le diplomate américain a rencontré dans la discrétion la plus totale de nombreux chefs des services secrets, de la police algérienne (DGSN) et de hauts responsables de l’armée algérienne», indique Maghreb Intelligence qui précise qu’à partir de toutes ces rencontres, il dressera en 2007 une feuille de route remise au département d’Etat américain sous l’administration Bush, avec l’orientation suivante : faire de l’Algérie le «Pakistan» de l’Afrique, à savoir l’allié militaire au Maghreb et dans le Sahel.
L’objectif du diplomate américain, soutient Maghreb Intelligence, était de pousser les autorités algériennes à renforcer leur coopération militaire avec les Etats-Unis et de mener le plus régulièrement possible des opérations sur le terrain, à condition, toutefois, que l’Algérie s’aligne sur le programme politique américain dans la région.
Robert S. Ford considérait pour sa part qu’une forte «sécuritocratie» en Algérie était un précieux rempart contre l’avancée de l’islamisme radical dans la région, d’autant que la diplomate américain craignait un développement dangereux du fanatisme en Algérie, en Mauritanie, en Libye, ainsi que dans les pays du Sahel. Cette option devait contraindre les dirigeants algériens à des concessions pour se conformer à l’agenda américain. Selon Maghreb Intelligence, le plan n’a pas suscité l’enthousiasme des décideurs algériens.
Depuis 2014, Joan Polaschik, ancienne ambassadrice des Etats-Unis à Alger, a tout tenté pour concrétiser ce projet. Mais en vain. La «pakistanisation» ne convainc toujours pas une Algérie qui se méfie de l’Amérique et qui demeure attachée à ses relations militaires particulières avec la Russie, note le site. Joan Polaschik peinera, d’ailleurs, à organiser des rencontres fructueuses entre les militaires algériens et américains.
Malgré cela, les troubles qui éclatent au nord du Mali et les avancées inquiétantes de Boko Haram au nord du Nigéria ainsi que les événements sanglants en Libye ont conduit les deux pays à coopérer très fortement dans le domaine du renseignement. Maghreb Intelligence relève que l’Algérie est un peu le «phare» sécuritaire des Etats-Unis.
S. S.
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