La directrice d’El-Fedjr Hadda Hazem en grève de la faim illimitée
Par Hani Abdi – La directrice du quotidien arabophone El-Fedjr, Hadda Hazem, joint l’acte à la parole en entamant, comme annoncé, aujourd’hui sa grève de la faim illimitée. Tôt le matin, elle s’installe sur une chaise à l’entrée du siège de son journal à la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Hadda Hazem se dit contrainte à recourir à cette action, ultime moyen de dénoncer la «sanction» qui s’abat sur sa publication, privée de publicité depuis des mois. Hadda Hazem, dont le journal n’a plus de quoi payer les salaires de ses employés, considère que le pouvoir cherche à l’étouffer et à la faire taire définitivement. Elle perçoit la privation de son journal de la publicité étatique distribuée via l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) comme une «punition» contre elle à cause de ses déclarations dans la presse notamment internationale qui l’invitait à donner son avis sur la situation générale du pays. Hadda Hazem aurait été «sanctionnée» pour avoir affirmé sur le plateau de France24 qu’«on ne sait pas qui gouverne en Algérie». Une déclaration qui aurait déplu en haut lieu et qui aurait été suivie immédiatement par une décision d’assécher la principale source de revenus du journal, à savoir la publicité de l’Anep. El-Fedjr, comme l’écrasante majorité de la presse nationale, subsiste encore grâce à la publicité institutionnelle. Mais la crise économique a touché de plein fouet le marché public de la publicité, composé essentiellement d’appels d’offres. Cette baisse drastique de la manne publicitaire distribuée par l’Anep a mis en difficulté de nombreux journaux. Certains ont déjà disparu du paysage médiatique, tandis que d’autres agonisent lentement. Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a fait état récemment de la disparition depuis 2014 de 60 publications, 26 quotidiens et 34 hebdomadaires. El-Fedjr fait partie de ces nombreux journaux qui ne pourraient pas survivre sans la publicité de l’Anep.
H. A.
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