Réunion de la Ligue arabe sur l’Iran : quelle position adoptera l’Algérie ?
Par R. Mahmoudi – Riyad a exigé dimanche une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe afin de discuter de la question de l’«ingérence» de l’Iran dans les affaires des pays de la région. Il est d’ores et déjà acquis que la Ligue arabe va se soumettre à la volonté des Al-Saoud.
Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukry, avait annoncé la veille une tournée dans six pays arabes officiellement pour tenter de désamorcer la crise actuelle mais, en même temps, pour préparer le terrain à la prochaine réunion dont l’objet reste pour le moins ambigu. Car, non seulement l’Arabie Saoudite est le seul pays arabe à se plaindre de l’Iran mais, surtout, la récente escalade des dirigeants de la monarchie, depuis notamment le tir du missile balistique houthi sur l’aéroport de Ryad, présage l’approche d’un conflit majeur dans la région.
L’Arabie Saoudite veut avoir le quitus de la Ligue arabe pour lancer certainement une offensive contre les alliés iraniens dans la région dont, notamment, le Hezbollah libanais et légitimer une déclaration de guerre qui a déjà été prise. Les appels lancés par Ryad, suivi de Amman, à leurs ressortissants pour quitter le Liban et s’abstenir de s’y rendre, et la flagrante ingérence dans les affaires politiques du Liban, à travers la séquestration du Premier ministre Saad Hariri, pendant une semaine, sont perçus comme des signes avant-coureurs d’une riposte programmée.
La monarchie avait, déjà en mars 2016, soumis la Ligue arabe à un vote classant le parti chiite libanais comme organisation terroriste. Seuls quatre pays, dont l’Algérie, s’étaient abstenus à cette dangereuse décision. Explicitant la position de l’Algérien, Abdelkader Messahel avait, à cette occasion, souligné «l’impératif de se conformer à la légalité internationale, aux résolutions onusiennes et aux listes des organisations terroristes établies par l’ONU, lesquelles n’incluent pas les composantes politiques reconnues aux niveaux national et international et présentes sur la scène sociopolitique nationale». Il est fort probable que cette fois-ci encore, l’Algérie prenne ses distances avec toute nouvelle mesure coercitive ou projet d’hostilités qui serait proposé par les Al-Saoud.
L’Algérie ne sera sans doute pas seule à s’opposer à une éventuelle aventure saoudienne. D’autres pays comme l’Irak, le Liban, la Tunisie, auxquels il faut ajouter le Qatar, ne sont guère acquis à cette option belliciste de l’Arabie Saoudite. Même des alliés sûrs comme l’Egypte ou la Jordanie n’affichent aucun enthousiasme, en optant plutôt pour le dialogue et la désescalade. Le président égyptien Abdalfattah Al-Sissi a été le premier à prévenir contre l’ouverture d’un conflit avec le Hezbollah. «Le monde arabe en a déjà assez de guerres comme ça !» a-t-il averti. Son chef de la diplomatie tiendra-t-il ce discours à la prochaine réunion de la Ligue arabe ?
R. M.
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